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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/378

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d’accord pour approuver les clauses générales du traité. Si l’indécision règne encore sur plusieurs points, l’expérience les éclaircira. Toute discussion sérieuse doit donc être ajournée à la session prochaine. L’opinion de la chambre des pairs est la même à cet égard que celle de la chambre des députés. Aussi, le crédit demandé pour la station navale d’Afrique eût été voté au Luxembourg sans discussion, si M. de Boissy n’eût soulevé quelques critiques de détail, qui ont été pleinement réfutées par M. le duc de Broglie. L’illustre pair a expliqué le silence du traité en ce qui concerne la répression de la traite sur la côte orientale d’Afrique. Les traités de 1831 et 1833 n’avaient rien stipulé pour la côte orientale ; il n’y avait pas lieu dès-lors à s’en occuper dans la convention du 29 mai, dont le principal but a été de substituer un nouveau mode au droit de visite réciproque. Sur la côte occidentale, la France est engagée ; sur la côte orientale, elle n’a contracté aucune obligation. Elle est libre d’y envoyer tel nombre de vaisseaux qu’elle voudra. D’ailleurs, jusqu’ici, la traite n’a jamais eu lieu sur la côte orientale que sous le pavillon portugais, lequel, d’après les conventions existantes, est soumis à une surveillance rigoureuse de la part de l’Angleterre. Voilà pourquoi le gouvernement anglais entretient une croisière sur cette côte, tandis que la France peut se dispenser d’en avoir une. Les charges de notre marine seront-elles augmentées par suite de la convention du 29 mai ? M. le duc de Broglie démontre qu’elles seront, au contraire, diminuées. Sous l’empire des anciens traités, la France entretenait quatre croisières, formant quarante-trois vaisseaux ; elle n’aura plus désormais que vingt-six bâtimens à fournir pour la répression de la traite.

A mesure que la convention du 29 mai sera plus connue, nous espérons qu’elle sera de plus en plus approuvée par l’opinion. Nous souhaitons vivement que l’expérience en démontre les bienfaits. Nous sommes disposés à y voir, dès à présent, une satisfaction réelle accordée par le ministère au sentiment national, et, de la part du gouvernement anglais, une juste déférence aux susceptibilités légitimes de notre pays. Puisse cette conclusion, long-temps réclamée par la tribune française et déclarée impossible par ceux même qui l’ont obtenue, opérer un rapprochement durable entre les deux peuples ! Cet espoir, nous le croyons, est partagé par la majorité des esprits en Angleterre, car nous ne voulons pas prendre pour l’expression d’un parti le dernier discours prononcé dans le parlement anglais par lord Palmerston. Que le noble lord, qui a voulu l’extension illimitée du droit de visite, regrette les traités de 1831 et 1833, on le conçoit sans peine ; qu’il trouve la convention du 29 mai inefficace, l’avenir se chargera de lui répondre ; mais un ancien ministre de l’Angleterre, un des hommes les plus considérables du parlement britannique, ne devrait pas se tromper sur les sentimens de la France au point de déclarer qu’elle veut l’impunité de la traite, et que son véritable grief contre le droit de visite est de le trouver trop efficace contre le trafic des esclaves. Si de semblables paroles étaient souvent prononcées à la tri-