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termina les principaux points litigieux. Les choses ne s’arrêtèrent pas là. Les ultramontains s’écrièrent que les articles organiques étaient contraires aux droits du saint-siège et aux canons de l’église ; que ce n’était rien moins que l’établissement d’une église nouvelle et d’une nouvelle discipline. Portalis entreprit de réfuter ces hautaines prétentions. Il ne se contenta pas de répondre à la note du cardinal-légat ; il voulut répondre à tout, embrasser le système entier des articles organiques, et en démontrer le parfait accord avec les saints canons et toute l’ancienne discipline de l’église. De là son Exposition des Maximes et des Règles, etc., travail admirable par la science et la bonne foi, ouvrage d’un homme plein de lumières et de piété qui veut rester tout ensemble bon catholique et bon citoyen, également fidèle à la foi de ses pères et à l’esprit des sociétés modernes. Cet éminent morceau, resté enseveli dans les archives du gouvernement, et que M. Frédéric Portalis met au grand jour pour la première fois, resta sans réplique à l’époque où il fut composé ; on peut l’opposer encore avec avantage aux prétentions des canonistes ultramontains de nos jours.

A côté de ces documens fondamentaux se placent une foule de pièces, la plupart inédites, qui servent à les éclaircir et à les confirmer. Nous signalerons celles qui se rapportent à la dissolution de certaines congrégations religieuses, comme les sociétés du Cœur de Jésus, des Victimes de l’amour de Dieu, des frères pacanaristes, des pères de la Foi ; celles enfin qui ont pour objet des actes relatifs à l’enseignement et à l’instruction publique. Les débats qui s’agitent sous nos yeux, les prétentions de l’épiscopat, la renaissance des congrégations religieuses, la question toujours pendante de la liberté de l’enseignement, toutes ces circonstances réunies ajoutent à l’intérêt durable qui s’attache aux écrits de Portalis en leur donnant le mérite et les avantages de l’à-propos. Terminons en signalant l’introduction qui précède cette riche réunion de précieux documens. Écrite par le petit-fils de Portalis, elle n’est pas indigne de cette illustre mémoire.


De la Pacification religieuse, par M. l’abbé Dupanloup[1]. — Le titre de cet ouvrage est trompeur ; l’auteur a le mot de paix sur les lèvres, mais le fond de son ame est tout entier à des pensées de haine, de violence et de récrimination. Si l’on ne considérait que les opinions mêmes de M. l’abbé Dupanloup, sa haine profonde contre la philosophie et ses plus illustres interprètes, ses préventions absurdes contre l’Université, sa vive sympathie pour certaine congrégation religieuse, on pourrait ne voir en lui qu’un prêtre fanatique entre mille autres ; mais à son style tour à tour emmiellé de flatterie ou enflé de rhétorique pompeuse, à ses caresses pour tous les puissans, à un certain patelinage qui se mêle sans cesse de la façon la plus ridicule à des élans factices d’éloquence creuse et sonore, on voit bien qu’on a affaire à un esprit

  1. Chez Poussielgue-Rusand, rue Hautefeuille, 9.