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viennent des influences sidérales qui imposent des myriades de formes à la vie occulte du globe, L’humanité a résisté jusqu’à présent à la musique universelle, elle va céder. L’apparition du phalanstère est imminente ; mais si la terre subit l’influence aromale du ciel, le ciel doit subir l’influence aromale de la terre. D’après ce principe nullement développé, mais fortement accusé, Fourier se dit : la civilisation est horrible, donc elle répand une influence pestilentielle dans le firmament ; elle place notre roi, le soleil, dans l’impuissance de régner, et l’influence malfaisante se répand du soleil dans les voûtes du firmament pour le malheur d’une myriade d’existences. L’univers est en retard, il souffre, et c’est la faute de l’homme qui a bouleversé les aromes terrestres. En transformant la terre, Fourier changera la condition des moines, et rétablira l’harmonie dans le royaume des fluides impondérables ; il agira sur le soleil, de là sur les astres, il commandera ainsi aux forces cosmiques, et l’univers reprendra sa marche ascendante : tout ce que le bonheur de l’homme peut demander, il l’aura. C’est ainsi que le phalanstère après avoir subi une action hyperbolique, impose aux mondes une réaction hyperbolique : de là le progrès cosmogonique de Fourier. Ici encore la science livre mille possibilités physiques ; elle parle d’aurores boréales éteintes aux pôles, de couches lucides à la surface des astres, de fluides impondérables dont la force touche à l’impossible, et la musique mondiale réalise sur-le-champ tous les souhaits de Fourier. Donc, les 810 caractères du phalanstère promettent 81,000 ans de durée à la terre ; le septénaire promet 70,000 ans d’harmonie ; la civilisation, l’histoire, n’a été que la dentition de l’humanité condamnée à se construire le phalanstère. Les harmoniens atteignent à hauteur de 84 pouces, parcourent des carrières amoureuses de 120 ans, vivent 144 ans. La mort n’existe pas ; la mort, c’est la vie, c’est la vie aromale, deux fois plus longue, et cent fois plus heureuse : l’homme passe ainsi d’une vie à l’autre pendant 400 métempsycoses bicomposées. Le monde contre-moule, les animaux féroces ou malfaisans se transforment pour l’usage de l’homme : les lions font le service de la poste aux lettres. Des aurores boréales réchauffent les pôles, l’atmosphère devient lucide à la surface comme un miroir, l’eau de la mer s’adoucit, quatre lunes éclairent la nuit ; bref, la terre se renouvelle vingt-huit fois jusqu’à ce que la grande ame de notre poète, exténuée, fatiguée, passe dans une autre planète avec toutes les ames humaines, qui conserveront un souvenir abrégé de la vie antérieure. Le soleil délivré des miasmes de la civilisation, aura fixé une comète pour en faire notre nouvelle demeure ; de là, on passera dans Mercure, où l’on apprendra la langue unitaire de l’univers qui doit nous mettre en communication avec les autres habitans de notre système planétaire. Nous les joindrons dans le soleil, où les forces de l’homme seront quadruples. Du soleil, on passe à d’autres soleils, de l’univers aux binivers, aux trinivers, etc., et de demeure en demeure, le progrès redouble par octaves qui se suivent en se dédoublant. C’est un crescendo effrayant qui augmente toujours, qui envahit la création, qui épuise la vitalité de tous les mondes jusqu’à l’époque d’un recul cosmogonique,