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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 juillet 1845.


La session est close, et le monde politique est dispersé. Nos ministres se reposent de leurs fatigues parlementaires. Une certaine lassitude a gagné tous les esprits. La presse elle-même n’a plus l’ardeur et la vivacité qui la caractérisent. Telle est ordinairement la physionomie des premiers jours qui suivent une session : physionomie souvent trompeuse, car le sommeil de la politique est léger ; le moindre choc suffit pour la réveiller et pour ranimer la lutte des partis.

La chambre des pairs a discuté rapidement le budget des dépenses et celui des recettes. Comme toujours, elle s’est résignée à voter des dispositions qu’elle n’approuvait pas. Chaque année, en effet, la discussion tardive des lois de finances et le départ des députés avant la clôture légale de la session mettent la pairie dans la triste nécessité de voter le budget sans examen, car elle craindrait, en le modifiant, d’amener un conflit entre les pouvoirs et une interruption dans les services publics. Tous les ans, la noble chambre réclame contre la situation qui lui est faite ; mais ses plaintes ne sont pas écoutées. Il importe cependant que l’on fasse cesser un abus si préjudiciable à sa dignité et à ses droits. Le gouvernement, d’accord avec les chambres, devrait chercher le moyen de rétablir sur ce point l’équilibre constitutionnel, évidemment rompu. C’est l’intérêt du pays que les droits de la chambre des pairs soient respectés. Si la pairie de la révolution de juillet renferme des esprits timides, qui n’ont pas une grande valeur politique, en revanche on y trouve des noms illustres, des capacités éprouvées, de hautes renommées parlementaires, qui agissent puissamment sur l’opinion. C’est du sein de la chambre des pairs qu’est parti, cette année, le signal de cette opposition libérale et conservatrice qui a mis le cabinet du 29 octobre en si grand danger, et a fait naître en lui la résolution salutaire de réparer ses fautes. L’an dernier, c’est dans la chambre des pairs qu’a commencé, avec tant d’éclat et de vigueur, la lutte des défenseurs de la loi contre les envahissemens du clergé et des jésuites. Enfin, si les jésuites sont dissous, si le droit de visite est