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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/624

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de tous les projectiles de divers calibres qui se croisaient et se répondaient ; les billes surtout, venant de loin, rendaient un son très harmonieux.

Pendant notre fausse attaque, le général Rulhières marcha sur Coudiad-Aty avec deux brigades, et s’en empara après avoir passé en deux colonnes les gués du Bou-Merzoug et du Rummel vers leur confluent, au-dessus duquel sont les restes d’un aqueduc romain. Au passage de la rivière, le capitaine Rabié, aide-de-camp de M. le lieutenant-général Fleury, fut tué par un boulet.

Pour assurer la défense du plateau de Coudiad-Aty où l’on s’était établi, trois compagnies de sapeurs, avec la légion étrangère et les tirailleurs d’Afrique, élevèrent sur les crêtes les plus rapprochées de la place, et, sur la gauche de la position, des retranchemens en pierres sèches et en briques empruntées aux tombes du cimetière de la ville, situé en cet endroit. On crénela aussi quelques constructions restées debout ; on pouvait de cette manière, sans trop livrer les hommes au feu de la place, en surveiller les portes et les sorties.

Pendant que l’artillerie commençait l’établissement de ses batteries sur le Mansourah, 100 sapeurs et 300 hommes d’infanterie creusèrent sur le revers de la montagne un chemin pour le transport des pièces de 24 et de 16 destinées à la batterie royale. Il était alors environ cinq heures ; la troupe rentra à ses bivouacs. Les résultats de la première journée étaient satisfaisans ; le temps se montrait assez favorable. Le prince avait établi son camp à Sidi-Mabrouk. Cet emplacement me parut un lieu de délices, comparé à nos anciens bivouacs nous étions dans une espèce de jardin où coulaient deux sources d’une eau fraîche et limpide ; nos yeux y furent agréablement surpris par la vue d’un peu de verdure ; on y remarquait plusieurs cactus, trois figuiers et deux peupliers d’Italie. On voit que nous n’avions pas à nous plaindre, car, si l’on excepte les raquettes qui couvrent les pentes inférieures de Sidi-Mécid et le ravin du Rummel, il n’y avait pas un brin d’herbe ni, à plus forte raison, une feuille sur le Mansourah, sur Coudiad-Aty et dans les vallées environnantes. Rien n’est plus désolé, plus nu, plus sauvage, que les environs de Constantine : une terre dépouillée et des rochers, voilà tout ce que nous pouvions apercevoir à deux lieues à la ronde. Les jardins du bey, situés dans la vallée à l’ouest de la ville et sur le bord du Rummel, n’étaient pas visibles du point où nous nous trouvions.

Pendant la nuit du 6 au 7, on travailla aux batteries sur le Coudiad-Aty. On acheva les dispositions défensives pour les postes qui gardaient