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de l’obligation d’accepter le maghyar comme langue des tribunaux, et, en vertu de ses franchises municipales, ce petit royaume, annexé à la Hongrie, continuera de se servir du latin pour tous ses actes intérieurs.

Parmi les autres lois de 1844, on remarque celle qui a pour objet de faciliter les mariages mixtes et le passage d’une religion à une autre, loi d’un esprit très peu oriental, mais qui, dans la situation complexe où se trouve la Hongrie, assurera peut-être la grandeur politique de ce pays. Un article spécial fixe les jours de corvée que chaque paysan doit à l’état pour les travaux publics. Celui qui ne possède qu’une maison et un jardin de onze à treize cents toises carrées est tenu à donner par an six journées de manœuvre, ou trois journées seulement s’il vient avec un attelage ; il en doit plus si la ferme est très grande, et moins si elle est de grandeur médiocre. Ces corvées du reste ne sont exigibles qu’aux époques de l’année où le laboureur a peu de travail dans ses propres champs. En outre, tout paysan peut se faire remplacer à ces corvées. Seulement il ne peut, dans aucun cas, s’en racheter à prix d’argent. On conçoit que le cabinet aulique veuille absolument maintenir le système des corvées, auquel il doit de pouvoir entretenir à très peu de frais ses forteresses ; mais parce qu’il ne peut contribuer pour son propre compte à l’allégement du sort des paysans, il ne s’ensuit pas qu’il doive, comme il le fait, s’opposer obstinément à toute réforme votée en leur faveur par la diète. De toutes les lois discutées et admises en 1844 pour soulager les classes opprimées, le gouvernement n’a ratifié que celles dont il espère tirer profit pour son despotisme.

Parmi ces lois qui ont eu le bonheur de paraître favoriser la politique impériale, on remarque celle qui accorde aux roturiers le droit d’acheter et de posséder des terres nobles, non plus seulement dans la banlieue des villes royales, mais jusque dans l’intérieur des comitats, c’est-à-dire sur le sol national même. Les étrangers sont admis à jouir du même droit. Toutefois, pour protéger les indigènes contre les empiétemens de ces acheteurs d’immeubles venus du dehors, le diète a décidé que la possession d’une terre en Hongrie n’entraîne avec elle le droit d’indigénat qu’après un séjour non interrompu de dix années dans le pays. La mesure prise en faveur du roturier et de l’étranger se complète par une loi qui déclare les simples bourgeois admissibles à tous les emplois de l’état. Ces deux articles, en entrant dans la législation hongroise, y doivent produire avec le temps un changement radical. Aussi, quand ils eurent été adoptés à une énorme