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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/670

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un gouvernement plus faible que celui de l’Autriche. Comment le cabinet de Vienne ne sent-il pas qu’il est de son intérêt bien entendu de faire cesser un pareil état de choses, de renoncer à ses idées allemandes, et de reconnaître enfin des nationalités dont le progrès continu triomphe de tous les obstacles ?


III. – LA DIETE HELLENIQUE

Les symptômes de régénération que nous avons remarqués sur les bords du Danube se produisent plus éclatans encore vers les côtes de la Méditerranée. Le royaume grec est de tous les états du monde gréco-slave celui qui renferme le moins d’habitans, et cependant c’est celui qui a marché le plus rapidement dans la voie du progrès. Deux tendances différentes dirigent la Grèce dans son travail de régénération : l’une la porte à exclure les dominateurs du dehors et toutes les influences étrangères, l’autre à relier fortement ensemble tous les élémens intérieurs auparavant désunis. Grace à ces deux tendances, les intrigues étrangères se trouvent pour quelque temps du moins frappées d’impuissance sur le sol de la Grèce, et toutes les classes, tous les rangs, se confondent dans une même opinion, sous une loi égale pour tous. Ce résultat est dû tout entier à l’assemblée nationale de 1844.

La révolution du 3 septembre avait rendu d’un seul coup au pays toutes ses libertés perdues. De même qu’après neuf ans de luttes militaires contre les Turcs, la Grèce avait vu son indépendance ratifiée par l’Europe entière, de même aussi, après neuf ans de luttes civiles contre le despotisme bavarois, elle voyait enfin ses droits reconnus, et se plaçait, aux applaudissemens de toute l’Europe libérale, parmi les états représentatifs. Vainement la Gazette d’Augsbourg appelait le général Kalergis un rebelle, et la révolution de septembre un déplorable malheur. Au nom d’Othon lui-même, le premier ministère constitutionnel de la Grèce félicitait Kalergis, et, dans une proclamation, il remerciait ses troupes courageuses de s’être souvenues que le soldat d’un pays libre est avant tout citoyen. La Grèce en effet, comme le prouvent sans réplique les lettres de Capodistrias aux délégués des grandes puissances, n’avait jamais imaginé, ni voulu autre chose qu’un roi constitutionnel. Durant les neuf années qu’ils combattirent le croissant, les Grecs eurent constamment leurs assemblées dé1ib~rentes et législatives ; cet état n’a donc rien de nouveau pour eux.