versions interlinéaires et de paraphrases bibliques ; Beda, Cudbert ou Cuthbert, Aldhelm, hommes de race teutone, essayaient des poésies ecclésiastiques latines d’un mérite remarquable. Au commencement du XIe siècle, Ingulf allait à Westminster et à Oxford apprendre le latin, la rhétorique et la philosophie aristotélique. Les moins civilisées entre ces races subissaient l’éducation monacale avec une ingénuité énergique et vive, dont la trace se trouve dans l’Heliand, poème composé par un moine anonyme de la Basse-Saxe. Enfin, le partage de l’empire après Charlemagne précipita encore ce mouvement singulier, et j’avoue que je ne puis faire aussi bon marché que M. Magnin du siècle des Othons.
Cette époque germanique de Hrosvita, époque obscure et peu connue des savans français, italiens et espagnols, médiocrement éclairée par les Allemands eux-mêmes, est aussi bizarre qu’intéressante. J’admettrais difficilement que « le couvent de Gandersheim fut en Allemagne une sorte d’oasis intellectuelle jetée au milieu des steppes de la barbarie. » Les monastères de Saint-Gall en Suisse, de Lorsch auprès de Worms, d’Hirschau dans la Forêt-Noire, de Wessobrun en Bavière, et plusieurs autres, contenaient des bibliothèques, des écoles, des moines avides d’acquérir et de propager la science. Plus d’un catalogue de ces bibliothèques nous est parvenu ; si l’on n’y compte pas beaucoup de volumes, le choix de ces livres est bon, et le soin avec lequel les vieux moines protégeaient leurs trésors pourrait nous servir d’exemple et de leçon. Ces bibliothécaires anciens mettaient leurs livres dans des boîtes d’or (capsoe, caveoe aureœ), souvent enrichies de diamans (ex auro purissimo gemmario opere coelatas). Quand ils s’en servaient, ils les recouvraient d’une enveloppe de cuir ou chemise (camisœ librorum). Rien ne coûtait aux prélats pour donner aux Écritures saintes, par exemple, une enveloppe digne d’elles. Un poète du IXe siècle, Godwin, dans son ouvrage De Proesulibus, raconte que l’archevêque Wilfrid, après avoir dédié solennellement l’église de Ripon, ordonna que quatre copies de l’Évangile fussent écrites en lettres d’or et closes dans une boîte d’or.
Quatuor auro
Scribi Evangelii praecepit in ordine libros
Ac thecam e rutilo his condignam condidit auro. (v. 654.)
Une religieuse savante n’était même pas chose aussi rare (rara avis, comme le dit Henricus Bodo) qu’on pourrait l’imaginer. Je citerai