Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/749

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’espérer. Pour faire la statue équestre de Napoléon, il ne se croira pas obligé de passer les Alpes et de rajeunir ses souvenirs. Il a vu tous les modèles dont nous venons de parler ; et s’il n’en a tiré aucun profit, c’est que sans doute il n’en a pas compris l’importance et la valeur. Tous nos avertissemens, tous nos conseils, ne seraient donc que des paroles perdues. Aussi n’est-ce pas à lui que notre voix s’adresse. Si nous parlons des monumens de l’art antique, des monumens de la renaissance, c’est pour éclairer ceux qui applaudissent, par ignorance, aux œuvres de M. Marochetti. S’ils ne sont pas capables de juger par eux-mêmes, s’ils n’ont pas dans leur pensée un idéal de beauté d’après lequel ils puissent estimer la valeur des œuvres contemporaines, qu’ils appellent à leur secours l’étude des monumens que nous leur indiquons, qu’ils s’instruisent par la comparaison, et que le génie de Donatello leur révèle toute la médiocrité du talent de M. Marochetti. Si l’étude du passé leur a manqué pour juger la statue du duc d’Orléans, qu’ils se dépouillent de leur ignorance, que leurs yeux se dessillent, et qu’ils se tiennent prêts à juger, avec une impartialité sévère, la statue de Napoléon.


GUSTAVE PLANCHE.