La beauté physique sert d’enveloppe à la beauté intellectuelle et à la beauté morale.
La beauté intellectuelle, cette splendeur du vrai, quel en peut être le principe, sinon le principe nécessaire de toute vérité ?
La beauté morale comprend deux élémens distincts, également, mais diversement beaux, la justice et la charité, le respect des hommes et l’amour des hommes[1]. Celui qui exprime dans sa conduite la justice et la charité accomplit la plus belle de toutes les œuvres ; l’homme de bien est, à sa manière, le plus grand de tous les artistes. Mais que dire de celui qui est la substance même de la justice et le foyer inépuisable de l’amour ? Si notre nature morale est belle, quelle ne doit pas être la beauté de son auteur ! Sa justice et sa bonté sont partout, et dans nous et hors de nous. Sa justice, c’est l’ordre moral que nulle loi humaine n’a fait, qui se conserve et se perpétue par sa propre force. Descendons en nous-mêmes, et la conscience nous attestera la justice divine dans la paix et le contentement qui accompagnent la vertu, dans les troubles et les déchiremens, inexorables châtimens du vice et du crime. Combien de fois et avec quelle éloquence toujours nouvelle n’a-t-on pas célébré l’infatigable sollicitude de la divine Providence, ses bienfaits partout manifestés, dans les plus petits comme dans les plus grands phénomènes de la nature, que nous oublions aisément parce qu’ils nous sont devenus familiers, mais qui à la réflexion confondent notre admiration et notre reconnaissance, et proclament un Dieu excellent, plein d’amour pour ses créatures !
Ainsi Dieu est le principe des trois ordres de beauté que nous avons distingués : la beauté physique, la beauté intellectuelle, la beauté morale.
C’est encore en lui que se réunissent les deux grandes formes du beau répandues dans chacun de ces trois ordres, à savoir, le beau et le sublime. Dieu est le beau par excellence, car quel objet satisfait mieux à toutes nos facultés, à la raison, à l’imagination, au cœur ? Il offre à la raison l’idée la plus haute au-delà de laquelle elle n’a plus rien à chercher, à l’imagination la contemplation la plus ravissante, au cœur un objet souverainement aimable. Il est donc parfaitement beau ; mais n’est-il pas sublime aussi par d’autres endroits ? S’il étend l’horizon de la pensée, c’est pour la confondre dans l’abîme de sa grandeur. Si l’ame s’épanouit au spectacle de sa bonté, n’a-t-elle pas de quoi s’effrayer à l’idée de sa justice, qui ne lui est pas moins
- ↑ Voyez la première série de nos Cours, t. II, troisième partie : De l’Idée du Bien ; leçons xxie et xxiie.