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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/854

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publiée en 1833, et, plus récemment, Véronique, lui ont marqué sa place parmi les plus fermes penseurs et les écrivains les plus libéraux de ce temps-ci. Sans céder aucunement à toutes les fantaisies des écoles socialistes, M. Koenig a vigoureusement reproduit dans ses romans l’esprit libre du XIXe siècle, avec une franchise et, ce qui est plus rare encore, avec une mesure parfaite qui assurent à ses œuvres autre chose qu’un succès de circonstance. Les Vaudois et les Aventures de William Shakspeare témoignent de son sérieux empressement à chercher dans les traditions du passé les exemples, les récits, qui peuvent instruire et guider notre époque. C’est aussi à l’esprit du monde nouveau que nous devons un beau roman de Charles Immermann, les Épigones. Un autre ouvrage, qu’il composa dans les dernières années de sa carrière trop tôt interrompue, le Baron de Munchausen, semble continuer, en les appropriant à notre siècle, quelques-unes des inspirations de Jean-Paul, ses mélancoliques satires, ses touchans tableaux mêlés d’une si gracieuse ironie. Jean-Paul, en effet, ne pouvait demeurer sans influence sur les romanciers de l’école présente ; il a suscité un disciple enthousiaste, Léopold Schefer, que nous avons blâmé dans ses poèmes philosophiques, et dont il faut louer deux ou trois romans, pleins de passion et de vie. N’est-ce pas aussi à l’école de Jean-Paul qu’on doit rapporter le Blasedow de M. Charles Gutzkow ? Ces sérieux exemples, accueillis avec une faveur légitime, attirèrent peu à peu les écrivains les plus indisciplinés de la jeune Allenagne. Qui se soucie, à l’heure qu’il est, des bizarres productions de 1835 ? Qui lit encore Wally ou Madonna ? Personne, assurément. Les romanciers de cette école, si tôt décriée pour ses fautes, essayèrent de se renouveler dans des tentatives plus dignes de leur talent. Tandis que M. Gutzkow se livrait aux travaux de la scène avec une activité obstinée et quelquefois heureuse, M. Mundt a publié des romans historiques, dans lesquels son inspiration s’affranchissait de l’esprit de système ; M. Henri Laube a donné ses Franzoesische Lustschloesser ; M. Willkomm, son Byron et son Wallenstein. Un écrivain qui, par la fougue de son talent, semble assez près de cette bruyante école, M. Théodore Mügge, a fait lire son roman de la Vendéenne et celui de Toussaint Louverture. Enfin M. Sigismond Wiese et M. Édouard Duller portèrent dans ces mêmes études l’ardeur d’une imagination encore un peu confuse, tandis que le poète d’Ahasvérus et du Chevalier Wahn, M. Julius Mosen, charmait les esprits par un récit très vif et très, brillant, le Congrès de Vérone. Voilà bien des romans empruntés à l’histoire ; que devient cependant