les taxes assises, le produit des taxes assises n’a pas diminué, il s’est même accru dans une proportion considérable[1]. »
Ainsi, pour diminuer l’inégalité avec laquelle la richesse est répartie entre les diverses classes de la population, lord Stanley et les politiques de cette école pensent qu’il suffit d’obliger l’aristocratie britannique à faire pour un temps le très mince sacrifice de la trentième partie de son revenu. Parce que l’impôt a pesé jusqu’ici presque entièrement sur les classes laborieuses, ils imaginent qu’en mettant plus ou moins les classes opulentes à contribution, on supprimera tout sujet de plainte, peut-être même toute souffrance. N’est-ce pas là l’histoire de ce tyran de l’antiquité qui croyait expier les faveurs trop constantes de la fortune en jetant, au milieu d’une orgie, son anneau dans la mer ?
L’inégalité de l’impôt n’est qu’une des formes sous lesquelles le pouvoir politique en Angleterre favorise l’inégalité des fortunes ; et si l’on voulait sérieusement établir dans les lois une tendance moins partiale, il faudrait les amender toutes, depuis le premier article jusqu’au dernier. Sans doute la classe opulente s’est enrichie de l’impôt qu’elle ne payait pas, pendant que la classe nécessiteuse s’est appauvrie de l’impôt qu’elle payait. On a calculé que la propriété foncière, qui contribuait pour un sixième au paiement des taxes pendant les trente années du règne de George II, pour un septième durant les trente-trois premières années du règne de George III, qui comprennent la guerre d’Amérique, et pour un huitième ou pour un neuvième seulement, de 1793 à 1816, n’avait plus participé, depuis la guerre jusqu’au rétablissement de l’income-tax en 1842, que dans la faible proportion d’un vingt-quatrième aux charges annuelles de l’état[2]. Notez bien que, durant cette dernière période, la valeur des propriétés et la somme des revenus avaient doublé en Angleterre ; ce qui devait alléger encore la contribution acquittée par la classe des propriétaires de la moitié de son poids. « La propriété sur laquelle porte l’income-tax, dit lord Monteagle, n’excédait pas, en 1803, 74,000,000 liv. st. ; encore cette somme renfermait-elle 18,000,000 sterl., représentant les revenus qui n’excédaient pas 150 liv. sterl. par année, de sorte que la partie de cette propriété, qui est soumise à l’income-tax d’aujourd’hui ne s’élevait pas à plus de 56,000,000 st. (1,428,000,000 fr.). Or, la valeur de la propriété sur laquelle porte en ce moment la taxe