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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 août 1845.


Les dernières nouvelles de Constantinople annoncent de grands changemens dans le divan. Riza-Pacha, premier ministre et grand-maréchal du palais, a été violemment destitué. On sait qu’il exerçait dans le divan une influence prépondérante, et qu’il y représentait depuis cinq ans le vieil esprit de l’empire, opposé aux idées européennes. Faut-il attribuer sa disgrace à des motifs politiques et au triomphe de l’esprit de réforme dans les conseils de la Porte ottomane ? Ce qui semblerait justifier cette opinion, c’est que la chute de Riza-Pacha a entraîné celle de plusieurs de ses collègues, solidaires de ses actes, et accusés comme lui d’avoir excité les troubles de l’empire par une administration tyrannique. De plus, si l’on en croit les renseignemens donnés par les feuilles ministérielles, les nouveaux ministres seraient des hommes sages, d’une prudence reconnue, et tout-à-fait exempts des préjugés qui ont égaré leurs prédécesseurs. Enfin, des correspondances particulières annoncent que Réchid-Pacha, l’homme le plus libéral de la Turquie, est rappelé à Constantinople pour y prendre la direction des affaires. Si ce bruit se confirmait, il donnerait à la destitution de Riza-Pacha une signification importante.

Dans une note communiquée aux puissances le 28 juillet, la Porte a indiqué les mesures qu’elle va prendre pour faire cesser l’anarchie du Liban. Le ministre des affaires étrangères, Chékih-Effendi, ira lui-même en Syrie surveiller l’exécution des ordres du sultan, et le commandant de l’armée d’Arabie, Namick-Pacha, viendra seconder ses opérations à la tête d’une force imposante. L’administration intérieure de la montagne sera définitivement réglée. Les représentans des cinq puissances ont approuvé, dit-on, les mesures ordonnées par la Porte, et le monde diplomatique parait en attendre d’heureux résultats. Nous craignons cependant qu’on ne se fasse sur ce point des illusions. En supposant que les intentions du divan soient bonnes, et ses démonstrations sincères, aura-t-il la force de faire exécuter ses volontés ?