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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/969

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enfin la nécessité de revenir à des sentimens meilleurs envers l’administration de M. Coletti. Tous les amis de l’indépendance hellénique s’accordent à louer la sagesse des conseils que la légation française d’Athènes a donnés dans ces derniers temps au gouvernement grec. Nous voudrions pouvoir en dire autant de la légation britannique. Ce serait un beau spectacle que l’entente cordiale employée à diriger, à soutenir, à asseoir sur des bases durables cette jeune liberté de la Grèce, espèce d’avant-garde de la civilisation européenne au milieu de la barbarie de l’Orient.

L’entente cordiale, toujours problématique dans les affaires du Levant, paraît prendre plus de consistance dans les affaires du Nouveau-Monde. Les journaux anglais nous annoncent la médiation de la France et de l’Angleterre dans les différends de la Plata. Les hostilités ont cessé. Le gouvernement de Montévideo a le premier déposé les armes ; Rosas, après une courte résistance, a cédé devant l’attitude résolue des puissances médiatrices. L’armée de Buenos-Ayres a évacué le territoire oriental, et le gouvernement de Montévideo a proclamé une amnistie. Rosas, dit-on, consent à signer la paix, mais à la condition que la république de l’Uruguay élira un nouveau président, et que les deux rivaux, Oribe et Rivera, seront exclus des élections. On ne dit pas quelle est la réponse faite à cette proposition. On ne sait rien encore de positif à l’égard des indemnités dues par Rosas. Sans doute les négociateurs auront été chargés par leurs gouvernemens respectifs de conclure des conventions commerciales avec les deux pays ; on doit croire que cet intérêt n’a pas été négligé, et qu’un des bienfaits de cette intervention tardive, si souvent réclamée à la tribune et dans la presse, sera d’ouvrir les rives de la Plata, les provinces de l’Uruguay, du Chili, de la Bolivie et du Pérou, à un immense mouvement d’importation et d’exportation. Une intervention sérieuse et efficace sur la Plata doit nécessairement enfanter une révolution commerciale dans l’Amérique du Sud.

Les négociations de la France et de l’Angleterre sur la question du Texas ne paraissent pas destinées à produire d’aussi beaux résultats. L’annexion, déjà votée par les chambres texiennes, vient d’être confirmée en dernier lieu par la convention chargée de donner une constitution au nouvel état. Ainsi tout est consommé. Le Mexique, toujours déchiré par ses divisions intestines, et privé des ressources nécessaires pour soutenir la lutte, voudra-t-il réaliser des menaces qui, jusqu’à présent, n’ont point paru sérieuses ? Des nouvelles récentes annoncent que le gouvernement mexicain a pris des mesures énergiques, qu’il montre des dispositions belliqueuses, et qu’il est prêt à envoyer trente mille hommes dans le Texas, dès que la guerre sera déclarée. Ces nouvelles méritent confirmation. Quant au gouvernement anglais, on peut croire qu’il ajournera sa vengeance ; il sait que les occasions de l’exercer ne lui manqueront pas, et que l’ambition des États-Unis ne les fera pas long-temps attendre. Dans ces circonstances, le rôle de la France est tout tracé. Après avoir donné à l’Angleterre une preuve de bon vouloir, rendue inutile par la force des choses, le gouvernement français n’a plus rien à faire dans