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Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 11.djvu/988

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soit à un concours ou à un examen, soit à la production de diplômes universitaires ou scientifiques, ou bien il supplée à l’instruction antérieure par un stage. Il en est dans lesquels le choix n’est assujéti à aucune règle. Quelquefois plusieurs de ces modes sont combinés ensemble. Nous les examinerons successivement.

Les écoles spéciales sont les plus fertiles pépinières des services publics. À la fois honorables et utiles pour l’état qui les entretient, elles sont la plus vraie application du principe de l’égale admissibilité de tous les citoyens aux emplois. Nulle institution n’est plus libérale et plus démocratique. Trois grands services se recrutent dans le sein des écoles spéciales : les armées de terre et de mer, les ponts-et-chaussées et les mines, et l’instruction publique. Au premier rang apparaît l’École Polytechnique, dont la renommée est européenne, et qui, par de savantes études, prépare des officiers pour l’artillerie, pour le génie et pour une partie de l’état-major, et des ingénieurs pour les constructions navales, les ponts-et-chaussées et les mines. Des écoles d’application destinées à compléter le service théorique et à commencer l’expérience pratique des élèves sortis de ses rangs sont ouvertes à Metz pour l’artillerie et le génie, à Lorient pour le génie maritime, à Paris pour l’état-major, pour les ponts-et-chaussées et les mines. À l’école de Saint-Cyr, exclusivement militaire, s’instruisent des officiers pour l’infanterie, la cavalerie et une partie de l’état-major. Les régimens de l’armée reçoivent à la sortie ceux qui entrent dans l’infanterie. Enfin l’école navale forme des officiers de mer : il en sort aussi de l’École Polytechnique. Des règles communes sont suivies dans toutes ; ces écoles : on y est admis, et l’on passe ensuite dans les emplois par la voie du concours ; des examens répétés assignent à chaque élève son rang, et décident de sa carrière ultérieure. C’est la seule porte pour, entrer dans ceux des emplois d’officiers que les lois sur l’avancement militaire n’ont point réservés aux sous-officiers, et dans tous les emplois des ponts-et-chaussées et des mines. La carrière s’ouvre ainsi sous la direction de maîtres éminens, sous l’impression durable d’une forte discipline, et les postes les moins élevés sont déjà le prix du travail et la récompense de longs efforts.

Les jeunes gens qui se destinent à l’art d’enseigner les lettres et les sciences sont initiés à cette noble fonction dans l’École Normale ; ils y passent trois années. L’admission est aussi le résultat d’un concours ; mais le conseil royal dresse préalablement, sur les notes des recteurs, la liste des candidats admis à concourir, précaution salutaire qui permet d’apprécier les qualités morales des aspirans, si nécessaires dans le sacerdoce