Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 12.djvu/332

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DE


LA POESIE CHARTISTE


EN ANGLETERRE.




I. — The Purgatory of Suicides, a Prison Rhyme, by Thomas Cooper, the chartist.

II. Ernest.
III. Corn-Law-Rhymes.

IV. Rhymes and Recollections of a hand-loom weaver, etc.




« Je me croyais embarqué sur une chaloupe, et c’était la Mort qui la dirigeait. L’océan qui nous portait n’avait pas de ciel, et les passagers qui se trouvaient avec moi n’avaient pas de souffle. Je voyais partout des prunelles enflammées et étranges fixer leurs regards, animés d’une vitalité de fantôme, d’abord sur moi, puis sur le pilote. De sa main qui n’avait pas de chair, la Mort faisait signe aux flots insurgés et rauques qui battaient son navire, puis semblaient tomber et s’abattre devant ce signal solennel.

« Il n’y avait point de soleil pour me montrer ces passagers et cette barque ; nulle lumière qui rendît visible la troupe pâle des esprits. Je les voyais par l’œil de mon ame, comme si les chaînes du corps l’eussent laissée libre et lui eussent permis une vision plus dégagée de mensonge que les réalités vivantes révélées aux regards humains. Les langages de la terre ne pourraient offrir même l’ombre de ces êtres informes et immenses qui se roulaient lourdement à travers la mystique mer des abîmes.