Page:Revue des Deux Mondes - 1845 - tome 9.djvu/734

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

enfumées qu’on appelle des boutiques ; on verrait le débit des liquides se concentrer dans certains entrepôts, celui des comestibles dans de vastes magasins d’épiceries, de même qu’on voit déjà presque toute la vente des tissus monopolisée par de grands magasins de nouveautés.

La troisième catégorie, celle des professions mécaniques, qu’on évaluait, il y a quatorze ans, à 337,921 personnes, et qu’on peut sans crainte estimer à 380,000 aujourd’hui, est la plus nombreuse de toutes. Elle comprend les industriels proprement dits, c’est-à-dire ceux qui se livrent pour leur propre compte, ou à titre d’auxiliaires salariés, à la fabrication des produits échangeables. Les études faites par l’autorité municipale pour l’établissement d’un conseil de prud’hommes présentent une classification des industriels parisiens. En ne s’arrêtant qu’aux professions bien caractérisées, on en a compté environ 125 susceptibles d’être réparties en cinq sections[1]. La première comprend vingt-quatre industries appliquées à la confection des fils et tissus. On trouve dans cette classe 2,480 fabricans aptes à concourir à l’élection des prud’hommes, c’est-à-dire exerçant depuis six ans au moins, et n’ayant jamais été en état de faillite. La seconde section, réunissant au moins vingt métiers dans lesquel on travaille les métaux, possède 5,627 notables, seulement parmi les fabricans établis. On s’étonnerait de trouver 650 maîtres horlogers, 742 bijoutiers, 420 fabricans d’instrumens de musique, 225 fabricans de bronze, etc., si l’on ne savait pas que Paris excite et alimente le luxe d’une grande partie de l’Europe. La troisième section, celle des produits chimiques, comptant quarante-six professions, ne réunit pourtant que 2,321 électeurs-prud’hommes. Sous le titre de professions diverses, on a groupé dans une quatrième section trente-cinq métiers qui fournissent 4,491 notables. On remarque, parmi les plus nombreux, les maîtres bottiers, 780 ; les ébénistes, 702 ; les chefs des industries relatives à la typographie et à la lithographie, 778. La dernière section, non admise dans l’ordonnance qui a constitué les prud’hommes, concerne spécialement l’industrie du bâtiment, c’est-à-dire qu’elle comprend 412 entrepreneurs de maçonnerie, 660 maîtres menuisiers, 500 maîtres serruriers, 462 peintres-vitriers, etc. ; en tout : 4,080 notables.

  1. Nous consultons, non pas la nomenclature qui a servi de base au projet récemment ordonnancé, mais celle qui justifiait le projet de 1841, parce qu’elle nous paraît beaucoup plus détaillée.