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l’on en vînt à l’assaut, s’écria que, si le roi n’avait pas d’autre possession que Basing-House en Angleterre, il s’exposerait au même hasard et se défendrait jusqu’à la dernière extrémité. — Ces papistes trouvaient dans leur malheur cette consolation, que Basing-House était surnommé Loyauté. Mais, au sujet du roi et du parlement, il fut bientôt réduit au silence ; tout ce qu’il put dire, c’est qu’il espérait que le roi pourrait avoir son jour. Ainsi il a plu au Seigneur de montrer sur quelle semence mortelle croît toute gloire terrestre, et combien justes et équitables sont les voies de Dieu, qui prend les pécheurs dans leurs propres piéges, et élève les mains de son peuple méprisé.

« Voici la vingtième garnison prise cet été par cette armée, — et je crois que la plupart de ces victoires ont été la réponse aux prières, et les trophées de la foi accordés à quelque serviteur de Dieu. Le commandant de cette brigade, le lieutenant-général Cromwell, a passé beaucoup de temps avec Dieu en prière, la nuit avant l’assaut ; — et rarement il combat sans être appuyé sur quelque texte de l’Écriture. Cette fois il se reposait sur cette bienheureuse parole de Dieu écrite dans le cent quinzième psaume, huitième verset : Non à moi, ô Seigneur ! non à moi, mais à ton nom donne la gloire !… Les idoles sont d’argent et d’or ; elles sont l’ouvrage des hommes ! Ceux qui les font sont semblables à elles, et ainsi est chacun qui se fie en elles. Ce qui a été accompli. »

M. Peters présenta l’étendard du marquis lui-même, il l’avait apporté de Basing. On y lisait écrits ces mots : Donec pax redeat terris, la devise choisie par le roi Charles pour ses médailles de couronnement.

Le psaume médité par le calviniste Cromwell avant l’action était un de ceux que les protestans appliquaient le plus volontiers à l’église romaine accusée par eux, et bien injustement, d’idolâtrie et de paganisme. Dans ce triomphe du calvinisme démocratique et septentrional, c’est Cromwell qui joue le rôle de Mahomet ; humanité, courtoisie, élégance, respect du sexe et des arts, sont sacrifiés au succès de cette terrible cause ; et l’on doit remarquer que parmi les prisonniers faits dans la résidence magnifique de Basing se trouvaient deux artistes anglais, les premiers de leur époque, Inigo Jones, l’architecte, et le graveur Hollar, dont les cuivres sont des chefs-d’œuvre.

Pendant que Cromwell, plus populaire encore après la prise de la forteresse catholique de Basing, poursuit avec une opiniâtre ardeur son sillon calviniste, les dernières forces du roi sont écrasées près de Chester, et Charles Stuart, trop confiant dans son origine écossaise, va se livrer aux Écossais, qui aiment les Stuarts ; il oublie qu’ils sont