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un semblable retour, et la conduite de notre parti, comme il leur plaît de dire à l’égard des ministres du Christ en Angleterre, aurait encore moins été une raison de persécution personnelle.

« Les ministres en Angleterre sont protégés et ont la liberté de prêcher l’Évangile, mais non sous ce prétexte de railler le pouvoir civil, de se mettre au-dessus, et de l’avilir à leur gré. Aucun homme n’a été persécuté en Angleterre ni en Irlande pour avoir prêché l’Évangile, et aucun ministre n’a été molesté en Écosse depuis que l’armée y est entrée. La vérité sied bien à la bouche des ministres du Christ.

« Quand des ministres prétendent à une glorieuse réforme, et en posent les bases en s’emparant du pouvoir mondain, quand ils font des mélanges mondains pour obtenir ce but, comme la dernière convention avec leur roi, et qu’ils espèrent de réussir dans leurs projets par son moyen, il peuvent savoir que la Sion promise ne sera pas bâtie avec un mortier si impur.

« Quant à l’injuste invasion dont ils parlent, il fut un temps où une armée écossaise vint en Angleterre sans y être appelée par l’autorité suprême. Nous avons dit, dans nos proclamations, avec quels sœurs et pour quelle cause nous venions, et le Seigneur nous a entendus, quand vous ne le vouliez pas vous-mêmes, dans un appel aussi solennel que tout autre que l’on voudrait y comparer.

« Et quoiqu’ils semblent se consoler parce qu’ils sont des fils de Jacob, de qui, disent-ils, Dieu a détourné sa face momentanément, cependant il n’est pas étonnant, quand le Seigneur a levé sa main si éminemment contre une famille qu’il l’a fait, et si souvent, contre celle-ci, et que les hommes ne veulent pas voir sa main, — il n’est pas étonnant si le Seigneur détourne sa face de pareils hommes, leur jetant la honte pour cela et pour leur haine de son peuple, comme il en est aujourd’hui. Quand il mettront uniquement leur confiance dans l’épée de l’esprit, qui est la parole de Dieu, laquelle a la puissance d’abattre les forteresses et toutes les imaginations qui s’élèvent elles-mêmes, — laquelle seule est capable d’équarrir et d’ajuster les pierres pour la nouvelle Jérusalem, — alors et pas avant, et par ce moyen et par d’autres, sera bâtie Jérusalem, la cité du Seigneur, laquelle sera la louange de toute la terre, la Sion du Saint des saints d’Israël.

« Je n’ai rien à dire, si ce n’est que je suis, monsieur, votre très humble serviteur,

« OLIVIER CROMWELL. »


A la poudre à canon succèdent les négociations théologiques, et Cromwell s’établit à Édimbourg pour les suivre de près. Il n’oublie pas sa femme Élisabeth, qui lui adresse de temps à autre des lettres d’une orthographe plus qu’irrégulière, mais d’un excellent sens ; elle lui dit, entre autres choses, qu’il n’écrit pas assez souvent au président Bradshaw. Cromwell lui répond cinq ou six lettres, celles-ci par exemple.