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Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 14.djvu/767

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éclaire ; les nébuleuses planétaires, corps gigantesques dont le diamètre probable est de plusieurs milliers de millions de lieues et dont la lumière est pourtant de beaucoup moindre que celle de notre soleil ; les nébuleuses stellaires, dont le noyau brillant est entouré par une sorte d’atmosphère lumineuse à contours plus ou moins précis ; les nébuleuses réductibles, amas innombrables d’étoiles groupées dans un espace limité, et qui demandent, pour être isolées et distinguées les unes des autres, l’emploi des plus forts instrumens ; enfin les nébuleuses irréductibles, objets étranges qui ont l’aspect d’une nébulosité phosphorescente et présentent tantôt les contours irréguliers et indécis d’un nuage déchiré par le vent, tantôt l’aspect d’une sphère ou d’un ellipsoïde plus ou moins : allongé dont l’éclat irait en croissant de la circonférence au centre.

Selon William Herschell, les corps dont nous venons d’indiquer les caractères présenteraient les phases successives de la formation des astres. La matière cosmique répandue dans l’univers, obéissant aux lois de la gravitation, tendrait à se concentrer progressivement et à donner naissance à des masses tantôt isolées, tantôt groupées et réunies en systèmes, dont les parties seraient plus ou moins dépendantes les unes des autres. De ces dispositions variées, du plus ou moins de concentration de ces masses, dépendraient les apparences diverses qu’offrent à nos regards les nébuleuses irréductibles ou réductibles, stellaires ou planétaires, et les étoiles proprement dites. Notre soleil, les planètes qui l’accompagnent et notre terre elle-même n’auraient point d’autre origine et résulteraient également de la condensation d’une matière élémentaire dont les molécules, primitivement disséminées et libres, s’étendaient bien au-delà de l’espace où se meut aujourd’hui leur système tout entier.

Telle est, en résumé, la célèbre conception d’Herschell connue sous le nom de théorie nébulaire (nebular theory). Quelque hasardée qu’elle puisse paraître au premier coup d’œil, n’oublions pas qu’elle s’appuie sur un nombre immense d’observations faites, pendant une longue suite d’années, avec une rare et consciencieuse persévérance. Reconnaissons de plus qu’elle est jusqu’à ce jour la seule qui explique et enchaîne d’une manière plausible bien des faits incontestables qui, sans elle, restent entièrement isolés et sans signification. À ces divers titres, donnons-lui droit de cité dans la science, au moins comme à une de ces vérités temporaires dont nous parlions plus haut, comme à une de ces théories flottantes dont Bacon, cet apôtre de l’expérience et de l’observation positive, reconnaissait lui-même l’utilité.

Faisons remarquer d’ailleurs que les idées d’Herschell semblent avoir reçu dans ces dernières années une confirmation bien inattendue. Une des conséquences de la théorie nébulaire devait être de faire regarder la composition des corps appartenant à un même système comme probablement