Page:Revue des Deux Mondes - 1846 - tome 16.djvu/1017

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contre 1 kilogramme d’or ; ou encore en francs, au taux de la monnaie française, elle est de 97 millions, dont 86,800,000 en argent et 40,200,000 en or, ou de 8 francs 50 centimes en argent contre 1 franc en or[1].


VI. — MINES DU PÉROU.

Du Mexique passons au Pérou. Ce fut d’abord de toutes les colonies espagnoles la plus productive en métaux précieux, et, dans l’opinion populaire, il a conservé cette prééminence. On y exploita, dès 1545, la classique montagne du Potosi ; mais, une fois que les mines mexicaines de Zacalecas et de Guanaxuato furent en pleine exploitation, le Mexique ne tarda pas à atteindre le Pérou, puis il le dépassa. Vainement, en 1630, on découvrit au Pérou de nouvelles mines, celles de Yauricocha ou de Pasco, dues à un Indien ; en 1771, celles de Gualgayoc, gîte fort riche dont un autre Indien peut revendiquer l’honneur, et, un peu plus tard, les gîtes moins remarquables de Porco et de Huantajaya : le Mexique acquit la primauté. Grâce au filon de Guanaxuato, au commencement du siècle, le rendement du Mexique était plus que double de celui du Pérou, y compris les provinces qui étaient passées à la vice-royauté de Buenos-Ayres[2].

Ce n’est pas que les filons mexicains surpassent en puissance et en teneur ceux du Pérou. Non, les uns et les autres sont de la même famille. Les minerais péruviens sont même d’un traitement un peu plus facile que ceux du Mexique[3] ; mais les gîtes métallifères mexicains se trouvent en des sites dont le climat se prête à une agriculture florissante, et l’homme habite avec plaisir ces douces régions. À Guanaxuato, par exemple, on sent qu’on est dans le Feliz Anahuac (heureux Mexique)[4]. De belles villes entourées d’une riche culture ont pu naturellement s’élever au milieu des reales mexicains. Elles sont presque toujours à moins de 2,000 mètres au-dessus du niveau des mers. Les mines du Pérou occupent une terre glacée, en raison de son élévation, où les arbres refusent de croître et les hommes de se fixer. Il est contre nature d’édifier des villes et de transplanter la race humaine dans des lieux

  1. Nous écartons, comme si elle était accidentelle, la production de 21 millions de piastres, calculée d’après le monnayage de 1845 indiqué par M. Mac-Gregor.
  2. En 1778, la province du Potosi, celle de la Paz, d’Oruro et de la Plata, toutes riches en argent, passèrent de la vice-royauté du Pérou à celle de Buenos-Ayres.
  3. A cause de l’abondance relative des minerais qu’on appelle colorados ou pacos, dont l’amalgamation, ainsi que nous venons de l’expliquer, extrait l’argent plus aisément et d’une manière plus complète.
  4. C’est une qualification que j’ai fréquemment entendu employer, quoique actuellement elle convienne mal à ce pays désolé par les révolutions. Anahuac est le nom de la vallée de Mexico dans la langue des Aztèques.