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UN ASSASSIN.

Moi, j’ai tué le roi Alexandre.

UN AUTRE ASSASSIN.

Moi, le roi Henri.

UN TROISIÈME.

Moi, le roi Emmanuel.

LÉONARD.

Marchez sans peur, assassins, sans remords ; car vous êtes les élus des élus, vous êtes saints au milieu des plus saints, vous êtes les martyrs, les héros de la liberté !

CHOEUR DES ASSASSINS.

Nous irons pendant la nuit noire, le poignard en main ; nous irons, nous irons !

LÉONARD.

Réveille-toi, mon adorée ! (On entend le tonnerre.) Répondez donc à ce dieu vivant qui vous parle !… Entonnez vos chants… Suivez-moi tous. Encore une fois nous allons faire le tour et fouler sous nos pieds l’église du dieu mort !… Et toi, lève ta tête, réveille-toi !

LA FILLE.

Pour toi et pour ton dieu, je brûle d’amour ! Au monde entier je donnerai mon amour. Je brûle, je brûle d’amour !

LE COMTE.

Mais quelqu’un lui barre le chemin, tombe à ses genoux et prononce en gémissant quelques mots.

LE NÉOPHYTE.

Je le vois, c’est le fils du célèbre philosophe

LÉONARD.

Que désires-tu, Hermann ?

HERMANN.

Archiprêtre, sacre-moi pour être assassin.

LÉONARD, s’adressant aux prêtres.

Donnez-moi l’huile, le poignard et le poison. (A Hermann.) C’est avec l’huile qui a sacré les rois que je sacre pour la perte des rois. Je te mets entre les mains l’arme des anciens chevaliers et des seigneurs, mais c’est pour leur perte : A ta poitrine je suspends un flacon plein de poison, c’est pour qu’il ronge et brûle les entrailles des tyrans là où ton fer ne pourra se faire jour. Va maintenant, et, par tout le globe, frappe et détruis les anciennes races.

LE COMTE.

Le voilà parti maintenant à la tête de sa bande ; il se dirige vers la colline.

LE NÉOPHYTE.

Sortons d’ici.

LE COMTE.

Non, je veux voir la fin de ce rêve.

LE NÉOPHYTE, à part.

Je crache trois fois sur toi. (Au comte.) Léonard pourrait nous reconnaître, monsieur le Comte ; regardez l’horrible couteau pendu à sa poitrine !

LE COMTE.

Couvre-toi de mon manteau, Quelles sont ces femmes qui dansent ?