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sur la presque totalité de l’ancien empire germanique. Une cause différente est également venue entraver notre marche commerciale à l’extérieur certains états, s’étant enrichis de fabriques indigènes, ont dû les protéger par une sévère prohibition des produits étrangers, ou au moins par la perception de droits considérables, ainsi que cela existe depuis 1841 aux États-Unis. Aussi le chiffre de 446,102 kil. qu’ils recevaient de nos manufactures en 1835, après avoir diminué rapidement d’année en année, est-il descendu, en 1843, à la faible valeur de 22,452 kilogrammes.

Parmi les contrées d’outre-mer dont les marchés nous sont ouverts, nos colonies, où la franchise des ports nous permet des débouchés plus faciles, méritent une mention toute particulière. Aucune d’elles, cependant, mieux que l’Algérie, n’offre une marche constamment ascendante à l’exportation de nos cotonnades imprimées. En 1835, 11,639 kil. suffisaient aux besoins de notre colonie naissante, et l’introduction de ces cotonnades en Afrique parut subir, durant l’année suivante, toutes les vicissitudes de la lutte acharnée que la barbarie africaine soutient depuis seize ans contre la civilisation de l’Europe ; mais, à dater de 1837, le mouvement ascensionnel ne s’est pas ralenti un seul instant, et c’est un succès véritable, obtenu par nos manufactures, que d’avoir exporté en Algérie, dans l’année 1843, la quantité déjà fort considérable de 136,092 kilogrammes de tissus imprimés.

Le tableau officiel, dont nous venons d’indiquer les résultats les plus saillans, nous permet aussi de constater la voie définitivement croissante qu’a suivie à l’étranger l’écoulement des produits de nos fabriques de toiles peintes. L’Angleterre et même la Suisse nous font une redoutable concurrence sur tous les marchés du monde. L’association allemande, la Belgique elle-même, — qui long-temps avec la Hollande avait été notre seule issue dans cette branche de négoce, — élèvent contre nous des rivalités formidables, dont l’importance nous est révélé commerce de transit, que notre position géographique nous assure mieux qu’à aucune autre contrée du continent. Néanmoins, la moyenne du mouvement de nos exportations d’indiennes atteint, dans la période que nous examinons, la somme considérable de 55 millions de francs, et en 1844 elle dépasse ce chiffre d’environ 4 millions. La plus haute valeur officielle qu’ait jamais eue cette branche spéciale de notre commerce extérieur est de 77 millions. On était alors en 1840. Deux ans après, elle descendait à 50 millions. Nous ne croyons pas nous tromper en attribuant cette hausse subite, suivie d’une réaction si rapide, aux bruits de guerre entre l’Angleterre et la France, qui, à cette époque, alarmèrent un moment l’Europe, et firent craindre au commerce de voir la production se ralentir dans ses deux foyers les plus importuns.

Le gouvernement britannique publie chaque année une statistique générale des opérations commerciales du Royaume-Uni, qui nous a permis de dresser, pour l’exportation des toiles peintes produites par les manufactures anglaises, un tableau comparatif embrassant également la période décennale de 1835 à 1844. Certes, comparés aux valeurs énormes en tissus imprimés que livre annuellement l’Angleterre, les chiffres que nous venons de citer paraîtront mesquins et presque dérisoires. Notre rivale d’outre-Manche semble avoir atteint l’apogée de la prospérité matérielle. Rien de plus facile d’ailleurs que d’apprécier, dans toute son immensité, cette puissance qu’elle a fondée sur l’alliance