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En étudiant attentivement les ouvrages de Mme de Mirbel, Mme Herbelin comprendra sans peine ce qui lui manque, et la critique n’aura bientôt plus de conseils à lui donner.

Parmi les miniatures de M. Maxime David, il en est deux qui méritent une attention spéciale : le portrait de Suleïman-Pacha et celui de Mme J. S. La tête du pacha offre un mélange heureux de finesse et de gravité. Quant à la tête de Mme J. S., elle est pleine de grace et de fraîcheur. Les yeux et la bouche sont rendus avec une rare délicatesse. Les cheveux ont de la souplesse, de la légèreté. M. David n’avait encore rien fait d’aussi vivant.

Il y a beaucoup à louer dans les Espagnols des environs de Peuticosa, de M. Camille Roqueplan. Le talent de l’auteur, qui jusqu’ici ne s’était révélé que sous une forme séduisante, se montre aujourd’hui sous une forme sévère. On pourrait souhaiter un peu plus de richesse dans le choix des tons ; mais la tête du personnage principal est d’un beau caractère, et tous les plans du visage sont indiqués avec une netteté, une précision que nous n’avions jamais rencontrées dans les précédens ouvrages de M. Roqueplan.

Une Cérémonie dans l’église de Delft au XVIe siècle, de M. E. Isabey, offre une réunion charmante de têtes fines et de costumes variés. M. lsabey n’a jamais rien fait de plus coquet, de plus gracieux. Cependant, malgré le plaisir très réel que m’a donné cette toile, je dois dire qu’elle mérite plus d’un reproche. Toutes les figures sont à peu près au même plan ; l’architecture manque de profondeur, et les couleurs ont une sorte de crudité qui n’est pas sans analogie avec la peinture des vases chinois. Je ne prétends pas contester le charme de cette composition ; seulement je pense que M. Isabey devrait être plus sévère pour lui-même. Le goût sûr dont il a donné tant de preuves sera pour lui le meilleur des conseillers.

Ce que je disais de M. Diaz l’année dernière, je dois le redire cette année. M. Diaz, en effet, est toujours au même point. Qu’il peigne une figure ou un paysage, il trouve toujours sur sa palette des tons charmans dont il compose des esquisses ingénieuses ; mais, ce premier pas une fois fait, la force ou la volonté lui manque pour aller au-delà. Il n’offre donc à nos yeux qu’une suite d’ébauches qui plaisent au premier aspect, mais ne supportent pas l’analyse. M. Diaz gaspille les dons heureux qu’il a reçus en partage. Quand il a commencé à se produire, on pouvait se montrer indulgent pour ses premières tentatives ; l’heure de la sévérité est maintenant venue. Il n’est plus permis d’accepter comme des œuvres définitives tous les caprices de son pinceau ; il faut, même dans une figure de six pouces, respecter les lois du dessin, et M. Diaz ne paraît pas s’en soucier. Il faut aux arbres des feuilles, aux allées de l’air, de l’espace, et M. Diaz ne tient aucun compte de ces notions élémentaires.