de cette affirmation, je citerai la Cène, qui est assurément, dans la Bible de Raphaël, un des épisodes les plus incomplets, les plus faibles sous le rapport de la conception. Quant à l’exécution, nous devons en parler avec plus de ménagement, car on sait que Raphaël n’a peint de sa main que la première fresque de la série ; toutes les autres ont été peintes par ses élèves. Pour les ornemens, pour les arabesques, il s’est servi de la décoration des Thermes de Titus, comme il est facile de s’en convaincre, bien que le temps ait cruellement mutilé ce monument ; aujourd’hui encore cette imitation ingénieuse est facile à démontrer.
Les copies faites par MM. Paul et Raymond Balze rappellent les chambres et les loges du Vatican aussi fidèlement qu’on pouvait le souhaiter ou l’espérer, étant donné la diversité des procédés. En effet, ces copies sont peintes à l’huile. Or, la peinture à l’huile ne pourra jamais reproduire la fraîcheur, la légèreté, l’éclat, la sérénité de la peinture à fresque. Il ne faut donc pas demander à MM. Balze ce qu’ils auraient en vain essayé de nous donner, la reproduction littérale des originaux : avec les ressources de la peinture à l’huile, ils ne devaient pas se proposer une pareille tâche ; mais, en tenant compte des moyens qu’ils ont employés, il est impossible de ne pas louer la persévérance, l’attention scrupuleuse avec laquelle ils ont achevé l’entreprise difficile qui leur était confiée. Le Parnasse, l’École d’Athènes et la Délivrance de saint Pierre sont traités avec une remarquable élégance.
Les cartons conservés à Hampton-court se placent, par la grandeur, par la beauté de la composition, à côté des meilleurs ouvrages de Raphaël ; les tapisseries exécutées d’après ces cartons sont encore aujourd’hui un des plus splendides ornemens du Vatican. Ce qui recommande surtout ces pages admirables, ce qui leur assigne une valeur particulière, c’est la clarté, l’évidence avec laquelle l’auteur a su disposer tous les épisodes ; il n’y a pas un des sujets traités dans cette inestimable série qui ne s’explique par lui-même ; tous les personnages ont un rôle nettement déterminé, toutes les figures un mouvement précis, toutes les têtes une expression facile à comprendre. Autant les loges laissent à désirer sous le rapport de la conception, autant ces cartons contentent la pensée. Pour comparer les loges à la voûte de la Sixtine, comme l’ont fait plusieurs critiques italiens, il faut un singulier aveuglement ; les cartons d’Hampton-court, soumis à l’analyse la plus sévère, n’éveillent dans l’ame du spectateur que le sentiment de l’admiration. Jamais Raphaël n’a poussé plus loin l’accord de la forme et de l’expression, jamais il ne s’est montré tout à la fois aussi élégant et aussi réfléchi. Pour l’élévation du style, pour la hardiesse, pour la grace des mouvemens, ces cartons n’ont rien à envier aux chambres du Vatican ; pour la sagesse, pour la profondeur, pour la variété de l’invention, ils ne redoutent aucune comparaison. A mesure qu’on les étudie, on y