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Page:Revue des Deux Mondes - 1848 - tome 21.djvu/929

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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29 février 1848.


Notre pays semble voué à d’incessantes épreuves ; on dirait qu’il est dans sa destinée de faire au profit des autres peuples de continuelles expériences politiques. Mais sachons maîtriser nos impressions ; dans un pareil naufrage, il n’y a pas deux partis à prendre : il faut réunir et consolider tous les élémens d’ordre et de sécurité. Oui, avec une situation nouvelle, de nouveaux devoirs commencent. Quand une révolution comme celle du 24 février 1848 s’accomplit, quand un mouvement immense dont chacun, il faut le dire, ignorait les profondeurs, agite une société sur ses bases et en change la face, il y a pour cette société des conditions essentielles à remplir, afin qu’elle puisse s’engager dans l’avenir si soudainement ouvert devant elle. Ces conditions, si spontanément, si admirablement comprises par la garde nationale, par le peuple, par la jeunesse de toutes les écoles, par le gouvernement provisoire, sont le maintien de l’ordre, le respect de la propriété, l’inviolabilité de la vie humaine.

En effet, nous avons vu la garde nationale et le peuple, qui s’étaient donné la main au milieu de l’insurrection, cimenter après la victoire un accord d’où sortira le salut de la patrie. Toute la population parisienne n’a plus formé qu’une immense garde nationale ; elle n’a eu qu’une pensée, qu’une volonté : c’est que la liberté restât aussi pure qu’elle s’était montrée invincible.

C’est sous l’empire du même sentiment que le gouvernement provisoire s’est dévoué à sa mission avec un énergique patriotisme. Il a proclamé la république,