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LES JAROCHOS.




SCENE DE LA VIE MEXICAINE.




Si nulle part au Mexique le soleil n’éclaire une végétation plus riche que dans la vallée de Jalapa, nulle part aussi l’influence d’une atmosphère pluvieuse ne se fait plus constamment sentir. Un dais de vapeurs grisâtres s’étend presque toujours depuis le sommet du Cofre de Perote jusqu’à l’extrémité opposée de l’horizon. Une pluie fine tombe de cette coupole humide, des flocons de brume roulent sur les toits des maisons, les rues sont désertes, et Jalapa expie cruellement, pendant la plus grande partie de l’année, les magnificences de son éternelle verdure ; mais quand le soleil a déchiré ce voile de nuages, quand le ciel marie de nouveau son limpide azur à la verdure des collines, Jalapa redevient la ville enchantée qu’un horizon lointain promet au voyageur. Ses rues escarpées, qui ont repris leur physionomie riante, présentent à chaque pas une décoration toujours nouvelle : l’œil s’arrête tantôt sur les maisons blanches et rouges qui surgissent parmi les massifs de goyaviers, de liquidambars et de palmiers, tantôt sur les montagnes qui abritent la ville, sur les rochers qui disparaissent sous une draperie de convolvulus, sur les mille cascades qui s’échappent de leurs flancs et sur les sentiers qui se perdent entre une double haie de daturas, de chèvrefeuilles et de jasmins.