débitrice, d’où il suit qu’elle opérait exclusivement avec les fonds d’autrui, dont elle ne payait d’ailleurs aucun intérêt. Quant aux émissions de billets, on peut voir qu’elles étaient sujettes, à cette époque, à des variations assez fortes, variations qui sont devenues beaucoup moins sensibles depuis que les banques à fonds réunis (joint-stock banks) se sont propagées dans le reste du pays. « Si le peuple d’Angleterre. dit fort judicieusement à ce sujet M. H.-C. Carey, avait eu la liberté de fonder une autre banque sur le principe de la responsabilité limitée des associés (c’est-à-dire constituée en société anonyme), et telle qu’elle eût pu absorber, en 1824, l’excédant des dépôts, l’or se serait transporté dans une autre rue, au lieu de se transporter dans un autre pays[1]. » La banque aurait eu de plus faibles dividendes à distribuer à ses actionnaires, mais le pays aurait échappé à de cruels désastres.
La crise de 1837, aussi grave que celle de 1826, n’en diffère pas dans ses circonstances essentielles. Voici, dans les années qui l’ont précédée, le mouvement de la circulation, des escomptes, de l’encaisse et des dépôts.
Années | Circulation | Dépôts | Avances | En caisse |
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31 décembre 1833 | 17,469,000 liv. | 15,160,000 liv. | 24,567,000 liv. | 10,200,000 liv. |
28 décembre 1834 | 17,070,000 | 13,019,000 | 25,551,000 | 6,978,000 |
26 décembre 1835 | 16,564,000 | 20,370,000 | 31,764,000 | 7,718,000 |
13 décembre 1836 | 17,361,000 | 13,330,000 | 28,971,000 | 4,545,000 |
12 février 1837 | 17,868,000 | 14,230,000 | 31,085,000 | 4,032,000 |
C’est toujours le même fait qui se reproduit. Les avances ou escomptes s’accroissent, le capital devient surabondant dans le pays, la masse des dépôts s’élève de 13 à 20 millions de livres sterling ; les actionnaires de la banque perçoivent de larges dividendes, et les autres capitalistes ne savent que devenir avec leurs fonds, sur lesquels ils ne perçoivent rien. Ils cherchent enfin pour leurs capitaux un emploi au dehors, puisqu’on le leur refuse au dedans, et le retrait des dépôts commence. Un instant la banque essaie de limiter ses opérations (décembre 1836), mais il en résulte une détresse générale, et les faillites éclatent. La banque est contrainte alors d’étendre de nouveau ses escomptes en présence d’une diminution continue de son encaisse métallique, et au risque d’aboutir à une suspension complète de ses paiemens en numéraire.
Les chiffres que nous venons de grouper sont remarquables à plus d’un titre. C’est à partir du mois de décembre 1833[2] que l’encaisse métallique commence à décroître, tandis que la masse des dépôts s’accroît toujours. Dès cette époque, le chiffre de l’encaisse est fort inférieur à celui des dépôts, et au mois de décembre 1835, époque où le