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Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 1.djvu/476

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faut l’avouer, le sujet offre bien des tentations à l’imagination tant soit peu vive des Yankees. Peu de documens officiels sont arrivés jusqu’à nous ; nous en sommes réduits, sur ce point, à deux rapports très intéressans et très curieux adressés au gouvernement américain par le colonel Mason, le 17 août, et par le capitaine Folsom, le 18 septembre. L’un et l’autre se plaignent de leur impuissance à faire respecter les droits du gouvernement ; sans troupes pour faire exécuter leurs ordres, sans moyens de se faire obéir, leur autorité est purement nominale. Ce qui ressort le plus clairement de ces rapports, qui méritent toute confiance c’est, d’une part, qu’il a été récolté une quantité prodigieuse d’or en très peu de temps et par les moyens les plus grossiers ; d’autre part, que la population se trouve réduite à une extrême misère par suite du manque de vivres ; enfin que, vu l’absence complète de gouvernement, il ne règne aucune sécurité pour ceux qui se sont déjà enrichis.

Jusqu’ici, il est impossible de fixer les limites des gisemens où l’on rentre l’or. Les travailleurs n’ont d’autre peine que celle de le ramasser à la surface de la terre ou en creusant légèrement le sol ; à dix où douze pieds de profondeur, le métal disparaît complètement, et les morceaux d’or natif deviennent plus rares et moins volumineux à mesure qu’on s’éloigne de la surface de la terre. Il n’est besoin d’aucune machine pour ce travail ; l’outil le plus grossier, une pelle, une bêche, un morceau de bois pointu, suffisent à l’ouvrier. Dans certains endroits, les petits cours d’eau qui se jettent en grand nombre dans le Sacramento offrent un champ productif d’exploration aux chercheurs d’or. En Californie la nature elle-même s’est chargée du travail du mineur, en brisant en petits fragmens la roche qui encaisse l’or natif : le métal se présente donc à nu à l’œil de l’explorateur. Les principaux affluens du Sacramento, la Fourche Américaine, sur la propriété du capitaine Suter, la Fourche-sans-Nom, la rivière de la Plume, la rivière Cosménès, le Saint-Jean, le Saint-Joaquin, sont en outre fort riches en sable aurifère. Un assez grand nombre de chercheurs d’or ramassent ce sable et le tamisent de manière à trier les fragmens d’or et la poussière qui s’y trouvent mêlés. Ce travail paraît être très profitable et moins chanceux que celui des mineurs qui vont à la découverte des morceaux d’or natif à la surface du sol où dans les creux de rocher.

Au reste, ce n’est pas seulement sur les bords du Sacramento, — bien que ce point seul et ses environs aient été jusqu’ici explorés, — que ce métal précieux se rencontre : des officiers américains et plusieurs voyageurs qui ont visité toute la Haute-Californie assurent dans leurs rapports que toute la chaîne de montagnes connue sous le nom de Monts Californiens, s’étendant du 42° au 32° degré latitude, renferme de très riches gisemens d’or. Ainsi, ce serait un espace de près