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Les hostilités ne se firent pas attendre, et, en 1369, les confédérés s’emparèrent de Copenhague et de plusieurs autres villes. Toutefois la paix fut conclue l’année suivante, et les villes anséatiques obtinrent pour leurs pêches des concessions qui furent confirmées plus tard par les successeurs de Waldemar. Depuis cette époque, les pêcheries danoises ont conservé une activité assez régulière, qui s’est soutenue jusqu’à nos jours. En 1830, la compagnie d’Altona armait à elle seule trente navires pour la pêche du hareng, et quatre ans avant, en 1826, le registre d’Aalborg avait constaté, pour cette ville seule, une exportation de 60,500 barils de harengs salés.

Jusque vers le milieu du XVe siècle, les côtes de la Scanie furent le grand centre des pêches scandinaves ; mais, à cette époque, les harengs semblèrent abandonner les rivages du Danemark pour ceux de la Suède et de la Norvége. Les pêcheurs les suivirent, et de nombreux établissemens s’élevèrent dans la ville de Bohus, qui devint en peu de temps le rendez-vous de nombreux navires allemands, frisons, hollandais, anglais, écossais, qui venaient acheter le poisson pêché et préparé par les Suédois. Cet état de prospérité dura jusque vers 1588. À partir de cette époque, l’abondance des harengs alla toujours en diminuant, et, dans les premières années du XVIIe siècle, on ne trouvait, pour ainsi dire, plus de trace de cette prospérité passagère. Malgré les efforts soutenus de Gustave-Adolphe, de Christine, de Charles XI, la pêche du hareng languit en Suède jusque vers le milieu du XVIIIe siècle ; mais, en 1746, d’innombrables bancs de harengs reparurent dans les baies du Bohusland et réveillèrent l’ardeur des populations. Le gouvernement aida au mouvement par des mesures qui eurent un plein succès. En 1759, le produit de la pêche faite dans ces parages s’éleva à près de 200,000 tonnes. En 1763, on emprunta aux Hollandais leurs procédés de paquage, et bientôt les harengs suédois rivalisèrent sur tous les marchés avec les harengs de Hollande. Gothembourg devint le centre de ce commerce. Ses bâtimens inondèrent de leurs cargaisons toute l’Allemagne, pénétrèrent dans la Méditerranée, et poussèrent jusqu’à Madère et aux Antilles. En 1775, le port dont nous parlons exporta à lui seul 94,594 barils de harengs. En 1781, le chiffre de cette exportation s’éleva à 136,649 barils[1] : ce fut la plus brillante époque des pêches suédoises. Dans les dernières années du XVIIIe siècle, les bancs de harengs se montrèrent de plus en plus rares, leurs apparitions devinrent tardives et irrégulières. En 1799, la pêche suffit à peine à la consommation locale, et l’exportation de ce poisson fut prohibée. Enfin, en 1800, l’Écosse commença à importer des harengs dans ce même pays, qui naguère en approvisionnait l’Europe et jusqu’aux îles d’Amérique. Ce

  1. Le baril suédois renferme 1,200 harengs.