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LES RÉCITS


DE


LA MUSE POPULAIRE.




LA FILEUSE.[1]




I. — LE GOUBELINO.

Notre diligence venait de s’arrêter devant la maison de relais, et le postillon frappait avec le manche de son fouet à la porte de l’écurie, où tout semblait dormir.

— Eh bien ! c’est comme ça que le Normand nous attend ? criait-il ; hé ! grand saint lâche, comptes-tu nous laisser geler ici ?

La demande était d’autant plus permise, qu’à notre départ de Paris le thermomètre marquait sept degrés au-dessous de zéro, et qu’il avait dû baisser encore depuis. La terre était couverte de neige ; un vent mêlé de verglas fouettait notre voiture, où le froid se faisait sentir d’autant plus cruellement que nous n’étions que deux voyageurs. Arraché à ma somnolence par les cris du postillon, j’abaissai avec précaution une des glaces rendue opaque par les cristallisations de la neige, et je hasardai ma tête hors de la portière.

  1. Voyez la livraison du 15 février dernier.