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Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/241

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LES ÉTATS D’ORLÉANS.
LE DUC DE GUISE.

Ai-je dit des révélations ?… Mais, en effet, il s’est ouvert comme un sot à un drôle qui a tout raconté.

LA REINE-MÈRE, à part.

Que se passe-t-il donc dans les yeux du cardinal ?… (Haut.) Je n’insiste pas sur Groslot ; mais ce Lassalgue, cet homme de la maison du prince, vous l’avez arrêté, dit-on…

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Par erreur !

LA REINE-MÈRE.

Je comprends ces erreurs-là… Mais quand les lettres sont lues, à quoi bon les garder ? Que sert surtout de garder l’homme ?… Voilà pourtant plus de huit jours…

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Y a-t-il huit jours, mon frère ?

LE DUC DE GUISE.

Je ne sais… mais nous n’avons que faire de le retenir.

LA REINE-MÈRE.

Les lettres ne disaient rien ?

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Absolument rien.

LA REINE-MÈRE.

Et lui ?

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Pas davantage.

LA REINE-MÈRE.

Dès-lors, à quoi bon ?… à moins que vous n’ayez dessein…

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Comment, madame ?…

LA REINE-MÈRE.

De lui apprendre à parler.

LE CARDINAL DE LORRAINE.

Fi donc ! de tels moyens…

LA REINE-MÈRE.

Vous êtes donc bien sûr qu’il n’a rien à vous dire ?

LE CARDINAL DE LORRAINE.

C’est la vérité.

LA REINE-MÈRE, à part.

On jurerait qu’il ment. (Haut.) Eh bien ! je vous le demande, si vous étiez M. de Condé, n’auriez-vous pas, malgré vous, l’idée qu’on ne retient votre serviteur que pour le torturer ? N’en seriez-vous pas blessé cruellement ? Voilà pourtant comme les haines s’enveniment !