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Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 2.djvu/321

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DE


LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE


DEPUIS FÉVRIER.




I

Si Dieu sourit aux pressentimens de la France, ou plutôt si nous savons mettre à profit le temps et les moyens de salut qui nous sont accordés, il semble que de meilleurs jours vont se lever pour nous. La première année de la république est finie ; l’année où l’anarchie a promené dans nos villes ses foules houleuses, l’année où des doctrines dont l’esprit humain avait rougi jusqu’alors, ont étalé leurs effrayantes turpitudes, l’année où la plus cruelle bataille civile que la France ait jamais vue a ensanglanté Paris, l’année qui a fait trembler la société dans toutes ses institutions fondamentales et qui l’a fait souffrir dans tous ses membres, l’année qui a menacé le propriétaire de la spoliation, qui a écrasé le négociant sous la faillite, qui a étouffé l’inspiration dans la tête de l’artiste, qui a condamné l’ouvrier au chômage, et qui a envoyé le prolétaire affamé aux barricades. Avec cette ère, dont le caractère honteux et sinistre grandira dans la mémoire et l’indignation du pays à mesure qu’elle s’éloignera dans le passé, avec cette ère finit aussi la, mission de la première assemblée nationale. Une assemblée nouvelle va inaugurer une nouvelle époque. De l’élection de cette assemblée dépend le salut de la France. Avant d’accomplir le grand acte par ; lequel il engagera pour trois ans ses destinées, il faut que le