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PITT ET LES FINANCES ANGLAISES.

reprises pour agrandir le domaine de l’excise avaient échoué. À la mort de Guillaume III, l’excise ne rapportait pas encore tout-à-fait 1 million sterling ; en 1783, ce revenu s’élevait tout au plus à 4 millions sterling.

Le timbre ou stamp était encore un impôt emprunté à la Hollande ; il avait été adopté en Angleterre, toujours comme taxe de guerre et essentiellement temporaire, en 1671. Borné dans l’origine aux actes judiciaires, il était loin d’avoir pris en 1783 l’immense extension qui en fait aujourd’hui la source d’un revenu énorme.

La taxe des terres (land tax), qui représente en Angleterre ce qu’on appelle en France la contribution foncière, était calculée à raison de 4 shellings par livre de revenu et produisait 2 millions sterling (50 millions de francs).

L’histoire de la taxe sur la drèche (malt tax) ressemble beaucoup à celle des autres impôts de consommation. Elle avait été établie pour la première fois en 1697, pour subvenir aux frais de la guerre. Depuis ce temps, elle avait été maintenue par des votes annuels du parlement et produisait, en 1783, environ 750,000 liv. sterling.

Enfin, les taxes additionnelles étaient celles qui avaient été créées par l’administration de lord North pendant la guerre d’Amérique. Ces taxes, généralement mal assises, avaient trompé les espérances des financiers du temps et ne rapportaient presque rien.

Voici donc comment pouvait s’établir en gros le compte des recettes et des dépenses publiques de l’Angleterre pour 1784 : intérêts de la dette fondée, 8 millions sterl. ; intérêts de la dette flottante, 1 million sterl. ; remboursement de la dette de la banque, 2 millions sterl. ; déficit à régler des années antérieures, 2 millions sterl. ; liste civile, 1,200,000 liv. sterl. ; dépenses militaires et services divers, 7,800,000 liv. sterl. ; total des dépenses, 22 millions sterl. (550 millions de francs). Produits des douanes, du timbre et de l’excise, 10 millions sterl. ; produits de la taxe des terres, de celle du malt et des taxes additionnelles, 2 millions et demi sterl. ; total des recettes, 12 millions et demi sterl. (312 millions de francs). Déficit de l’année, sans rien affecter au remboursement des deux dettes, à l’indemnité des loyalistes américains, aux dettes du prince de Galles, près de 10 millions sterling ou 250 millions de francs. Ce n’était pas là, sans doute, l’état normal des finances publiques ; mais, en retranchant les charges extraordinaires, telles que les 2 millions sterling dus à la banque et les déficits accumulé des années précédentes, il restait encore un total de 18 millions de dépenses ordinaires, tandis que les recettes n’étaient que de 12 millions et demi. Le déficit permanent, régulier, devait donc être annuellement, en maintenant les armemens sur le même pied, de 5 millions et demi steril. (près de 140 millions de francs).