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Rappelons surtout que le canal de la Marne au Rhin rencontre sur sa route tous les matériaux qui forment les élémens essentiels de la grande clientèle des canaux ainsi, les houilles, les minerais, les bois, les matériaux de construction, les sels, les produits chimiques, etc. ; qu’il commence et qu’il finit presque au sein de deux grands foyers de production, la Haute-Marne et la Meuse d’un côté, l’Alsace de l’autre ; que les contrées qu’il traverse sont très fertiles, et que leurs populations, éminemment industrielles, se sont placées à la tête de la production dans tous les genres d’entreprises auxquelles elles se sont livrées, comme les verreries, les cristalleries, les fabriques de glaces, les faïenceries, les papeteries, etc. ; qu’en un mot, le canal de la Marne au Rhin est tracé dans la direction d’un grand mouvement industriel, d’un de ces grands courans sur lesquels nous voyons se réaliser, avec tant d’avantage pour l’accroissement de la richesse publique, la contiguïté des canaux et des chemins de fer. Aussi l’ouverture du canal jusqu’a Bar-le-Duc a-t-elle donné, dès les premiers jours, des résultats très significatifs. Les grains, les fers, les fontes, les bois, sont venus prendre à Bar la nouvelle voie qui leur est ouverte sur la Champagne et Paris, et le prix du bois a immédiatement baissé d’un tiers Châlons-sur-Marne[1].

Le canal latéral à la Garonne ne présente pas des résultats moins concluans. La navigation intérieure accroît rapidement ses services avec le développement des lignes qui offrent à la fois l’uniformité du mouillage et la régularité du régime. Sous ce rapport, le canal latéral à la Garonne ajoute une valeur nouvelle au canal du Languedoc, et en tire une grande importance. Aussi, livré seulement sur une partie de son cours, a-t-il donné passage, dès la seconde année, à un mouvement de près de 150,000 tonnes : c’est plus que le canal du Rhône au Rhin, et presque autant que le canal de Bourgogne. – 55 millions ont été dépensés jusqu’ici pour la construction du canal latéral à la Garonne, et il en faut 10 pour le terminer.

Et, qu’on le remarque bien, il ne s’agit pas seulement de mettre en valeur les 55 millions déjà employés, il s’agit aussi d’étendre les services et d’accroître la valeur du canal du Languedoc. De même pour le canal de la Marne au Rhin : l’achèvement de ce canal, qui fécondera les 63 millions aujourd’hui absorbés, dominera aussi toute leur utilité au 14 millions dépensés dans ces dernières aminées sur la Marne, aux 13 millions que coûte le canal de l’Aisne à la Marne, aux fonds consacrés le la branche inférieure du canal du Rhône au Rhin, et a tous ceux qui ont été successivement appliqués au perfectionnement du flottage et de la navigation sur les nombreux cours d’eau traversés par le canal.

Quand de tels intérêts sont engagés, il faut leur donner satisfaction au plus vite, car tout retard constitue, pour la communauté, des pertes considérables. Ce n’est donc pas six années qu’il faut prendre, comme on pourrait l’induire

  1. Les départemens desservis directement par le canal de la Marne au Rhin renferment un million d’hectares de bois, dont près de 800,000 appartiennent à l’état et aux communes.