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REVUE LITTERAIRE.




LE THEÂTRE ET LE ROMAN.




Il n’est pas rare de voir les gens dont les affaires vont mal se prendre tout à coup d’un beau zèle pour les comptes d’arithmétique, rassembler intendans et majordomes, et se faire présenter des mémoires, des plans d’amélioration, qui le plus souvent n’améliorent rien. Une bonne terre bien cultivée ou un bon capital bien placé leur servirait mieux à sortir d’embarras. Nous songions involontairement à ces gens-là en parcourant le volumineux dossier de la commission d’enquête chargée de préparer la loi sur les théâtres. Les documens officiels que renferme ce recueil seront assurément fort utiles à nos législateurs ; il est permis de supposer pourtant qu’une bonne comédie ou un bon drame résoudrait encore mieux les questions qui se rattachent à la décadence ou à la prospérité théâtrale.

Ce n’est pas, selon nous, sur les moyens d’améliorer la situation de nos diverses scènes, sur les inconvéniens ou les avantages d’une liberté illimitée dans l’exploitation ou le répertoire, que les procès-verbaux de cette enquête jettent le jour le plus vif et donnent les renseignemens les plus piquans : nous le répétons, ces questions générales, traitées théoriquement et à priori, seront toujours quelque peu illusoires ; mais, ce qui l’est beaucoup moins, ce qui nous offre tous les caractères d’une leçon fort concluante et d’un spectacle fort instructif, c’est la petite comédie d’intérieur et d’à-propos qu’ont jouée à cette occasion quelques-uns des personnages consultés. Nous nous plaignons parfois de la rareté ou de la faiblesse de l’élément comique dans les pièces nouvelles : cet