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complexe, si nous pouvons nous exprimer ainsi. Aussi le plus petit objet naturel est-il inépuisable dans ses significations. La nature n’est pas une grande allégorie, elle ne procède pas par voie d’analogie directe et de représentation exacte. N’écoutez ni le spiritualiste Swedenborg, ni le matérialiste Fourier, lorsqu’ils vous disent que chaque objet dans la nature a une signification exacte et définie nettement. Les services que nous rendent les choses naturelles, ne sont pas plus simples que leur signification symbolique. Ces services ne se divisent pas ; ce n’est pas séparément que ces objets nous procurent et nous enseignent la beauté, l’utilité et la vérité, mais simultanément et presque toujours indirectement.

Toutes les choses de ce monde sont donc des symboles, et à leur tour, les homes sont les représentans symboliques (representative) des choses d’abord et des idées ensuite. Chaque homme par son tempérament, par sa nature, par son caractère, a de mystérieux rapports avec certains objets de l’univers, avec certaines forces secrètes du monde, avec certaines lois physiques et morales. D’autres hommes ont passé cent fois devant cet objet et l’ont dédaigné ; ils ont vu cent fois se produire tel ou tel phénomène, et il leur a paru de trop peu d’importance pour le mentionner, mais celui-là passe et l’examine attentivement, et désormais un objet de plus, un phénomène à ajouter aux autres phénomènes, seront inscris sur les catalogues de la science humaine. Chaque chose attend depuis la création son révélateur humain. « .Chaque chose doit être délivrée de son long enchantement. Dans l’histoire des découvertes, il semble que chaque vérité se soit formé une intelligence capable de l’exprimer. »

Ces interprètes des choses, ces symboles vivans de la nature sont sans doute de grands hommes ; mais ce nom doit surtout être réservé à ceux qui sont les représentans des idées. Il est naturel de croire aux grands hommes, car la recherche du grand est le rêve de la jeunesse et la sérieuse occupation de la virilité. Ce sont les grands hommes qui font de ce monde une terre salubre ; Ceux qui vivent avec eux trouvent la vie une chose joyeuse et nutritive, et les peuples qui en sont dépourvus sont comme une nation de mendians, car ils n’ont pas de crédit chez les autres peuples.

D’où vient le culte des grands hommes ? De leur différence d’avec nous et des services qu’ils nous rendent, qui sont les plus élevés de tous. Si nous estimons les hommes à raison des services qu’ils nous rendent, combien ne devons-nous pas estimer les grands hommes ! Le service que nous rend chaque homme est en raison de la qualité qui lui est propre, de sa force intrinsèque. Chacun de nous a un but qu’il peut atteindre avec facilité et gaieté, bien qu’il soit impossible aux autres. De là découlent deux conséquences. La première, c’est que, les