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POESIES.




I.
L’HIVER.

Vers la forêt, là-bas, à mi-coteau,
Quand le brouillard s’entr’ouvre et s’illumine,
Je vois, plié dans son neigeux manteau,
Un lent vieillard qui vers nous s’achemine.

Les noirs rameaux que brise un vent du nord
Autour de lui pleuvent comme des flèches ;
D’un pied pesant foulant les feuilles sèches,
Il vient, courbé sous son faix de bois mort.

Chênes si verts, aubépine si blanche,
Si pleins de fleurs et d’oiseaux familiers !…
Par la forêt, le verger, les halliers,
Il a glané son fagot branche à branche.

Il en a pris au tronc où fut gravé
Un chiffre encor souriant sur le hêtre,
Où, dans le nid, fut pour elle enlevé
Le gai pinson qui chante à sa fenêtre ;

La branche aussi d’où l’amant fit pleuvoir
Sur un cou blanc les vermeilles cerises,
Et celle encor du saule à feuilles grises
Qu’il écarta sur son bain pour l’y voir ;

Et les rameaux du bois plus solitaire
Où tant de mousse invite à reposer,