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LETTRES NOUVELLES


DE


MADAME DE LONGUEVILLE.[1]




Il y a trois parties distinctement marquées dans la vie bien connue de Mme de Longueville[2].

Née en 1619 dans le donjon de Vincennes, pendant la captivité de son père, Henri de Bourbon, prince de Condé, avec lequel était venue s’enfermer sa jeune femme, cette beauté célèbre, Charlotte-Marguerite de Montmorency, on voit d’abord Mlle de Bourbon croissant en graces auprès d’une telle mère, partageant ses journées entre le couvent des Carmélites et l’hôtel de Rambouillet, nourrissant son cœur de pieuses émotions et de lectures romanesques, allant au bal, mais avec un cilice, confidente d’un héros, le duc d’Enghien, son frère, compatissante à ses amours avec la belle Mlle du Vigean, et tout à coup les traversant et entraînant son amie dans le cloître où elle-même ira mourir. Elle est mariée à vingt-trois ans à M. de Longueville, qui en a quarante-sept, qui n’est pas tout-à-fait de son rang, et qui, au lieu de réparer ces désavantages par une tendresse empressée, suit encore le char de la plus grande coquette du temps, la fameuse duchesse de

  1. Je devrais offrir ces pages à M. Sainte-Beuve, qui m'a devancé et introduit, ici même, auprès de Mme de Longueville (Revue du 1er août 1840). Il voudra bien reconnaître que, si je le combats quelquefois, presque toujours je le suis.
  2. Voyez l’ouvrage de Villefore : la Vie de madame la duchesse de Longueville, en deux parties. Il y en a deux éditions un peu différentes. La première, que nous citerons, est de 1738.