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chantant et en battant des ailes sur les terrasses, les balustrades, les arceaux, les galeries, les toits du palais ; les étangs se couvrent de lotus ; le beurre, l’huile, le miel, le sucre, quoiqu’on les emploie en abondance, paraissent toujours entiers ; les tambours, les harpes, les théorbes, les cymbales rendent sans être touchés des sons mélodieux. Des dieux et des solitaires accourent de chacun des dix horizons pour accompagner le Bouddha. Le Bouddha descend accompagné de centaines de millions de divinités. Au moment où il descend, les trois mille grands milliers de régions du monde sont illuminés d’une immense splendeur, effaçant celle des dieux. Pas un être n’éprouve de frayeur ni de souffrance. Tous ressentent un bien-être infini, et n’ont que des pensées affectueuses et tendres. Des centaines de millions de dieux, avec les mains, avec les épaules, avec la tête, soutiennent et portent le char de Bouddha. Cent mille apsaras conduisent les chœurs de musique en avant, en arrière, à droite, à gauche, et chantent les louanges de Bouddha. Au moment où il va sortir du sein de sa mère, toutes les fleurs ouvrent leur calice ; de jeunes arbres s’élèvent du sol et entr’ouvrent leurs boutons ; des eaux de senteur coulent de toutes parts ; des flancs de l’Himalaya, les jeunes lions accourent tout joyeux à la ville de Kapila, et s’arrêtent aux portes sans faire de mal à personne. Cinq cents jeunes éléphans blancs viennent toucher avec leurs trompes les pieds du roi, père de Bouddha ; les enfans des dieux, parés de ceintures, apparaissent dans l’appartement des femmes, allant et venant de côté et d’autre ; les femmes des nagas, laissant voir la moitié de leur corps, apparaissent s’agitant dans les airs ; dix mille filles des dieux, tenant à la main des éventails de queue de paon, apparaissent arrêtées dans le ciel ; dix mille urnes pleines apparaissent faisant le tour de la grande cité de Kapila ; cent mille filles des dieux, portant des conques, des tambours, des tambourins suspendus à leur cou, apparaissent immobiles ; tous les vents retiennent leur souffle ; tous les fleuves et tous les ruisseaux s’arrêtent ; le soleil, la lune et les étoiles cessent de se mouvoir. Une lumière de cent mille couleurs, produisant le bien-être dans le corps et l’esprit, se répand de toutes parts. Le feu ne brûle plus. Aux galeries, aux palais, aux terrasses, aux arceaux des portes apparaissent suspendues des perles et des pierres précieuses. Les corneilles, les vautours, les loups, les chakals cessent leurs cris ; il ne s’élève que des sons doux et agréables. Tous les dieux des bois de Salas, sortant à demi leur corps du feuillage, apparaissent immobiles et inclinés. Des parasols grands et petits se déploient de tous côtés dans les airs. La reine cependant s’avance dans le jardin de Loumbini. Un arbre s’incline et la salue ; la reine en saisit une branche, et, regardant le ciel avec grace, fait un bâillement, et reste immobile. Le Bouddha s’élance de son côté droit sans la blesser ; un lotus blanc perce la terre