commerce, mais au premier des ports de pêche, et sans doute il est des plus anciens de ceux-ci : le sol sur lequel il est bâti est composé des débris de la falaise qui le domine et d’écailles d’huitres que le flot a jetées au pied, en sorte que la mer signalait elle-même aux premiers habitans de ce rivage les richesses recelées dans son sein. La Houle met à la mer deux cent cinquante embarcations montées chacune par huit hommes, quelques-unes même par neuf et dix. Le sous-quartier d’inscription envoie beaucoup d’hommes à Terre-Neuve, et fournirait à lui seul l’équipage d’un vaisseau de cent canons.
Toute la pêche de Cancale se fait à la part. Le patron en a une et demie, chaque homme une, le mousse une demie, et le bateau garni de filets de une et demie à trois, suivant sa valeur. Rennes est le principal débouché du poisson frais péché dans la baie ; Saint-Malo, Saint-Servan et les petites villes environnantes viennent ensuite.
L’espace compris entre l’archipel de Chausey, Granville, Cancale et la côte intermédiaire est le plus riche gisement de bancs d’huîtres qui soit à notre portée : il livre au commerce une centaine de millions d’huîtres par an. Ce voisinage a fait des ports de Granville et de Cancale les deux centres principaux de cette pêche, et l’exploitation exclusive de la baie leur a, de temps immémorial, été assurée par des règlemens qui l’interdisent à toute embarcation pontée, par conséquent venue de loin. Elle a long-temps été entre les deux ports le sujet de violens conflits ; chacune des deux populations, croyant faire son bien aux dépens de l’autre, surpêchait les bancs qu’elle pouvait atteindre, et l’on marchait ainsi vers un épuisement prochain. L’administration de la marine a fait cesser, par un partage équitable de la baie, cette guerre insensée et ces dévastations. La pêche se mesure aujourd’hui, tant du côté de Granville que de celui de Cancale, sur le repeuplement des bancs. Des rivalités individuelles auraient pu devenir aussi nuisibles que celles des ports à l’aménagement des bancs ; les pécheurs les ont prévenues en se constituant en communauté pour cette branche de leur industrie. La pêche des huîtres ne se fait que sur commandes en gros, arrêtées à prix débattus entre le syndicat des pêcheurs et les acheteurs. Les conventions de vente arrêtées, le commissariat de la marine désigne les bancs sur lesquels on doit pêcher. Les bateaux, armés chacun d’une drague, partent en flottille pour s’y rendre ; ils y trouvent les gardes-pêche de l’état. Un coup de canon donne le signal. Aussitôt les dragues tombent à la mer, et les bateaux qui les traînent se croisent, se mêlent, se rencontrent, s’évitent ; on les dirait de loin entraînés dans un tourbillon ; les dragues remontent et redescendent jusqu’à ce que les bateaux soient pleins ou que la mer montante, doublant la distance du fond à la surface, rende la manœuvre trop pénible. Un second coup de canon donne le signal du retour. À la rentrée à La