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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 décembre 1851.

Nous avons expliqué, il y a quinze jours, pourquoi nous nous bornions à faire une chronique purement littéraire. Notre situation n’a pas changé. Une chronique n’est pas comme un journal, qui peut publier les faits sans les juger, et qui, lors même qu’il croit pouvoir les juger, les juge au jour le jour, chacun en détail, sans avoir à en faire un ensemble. Une chronique tient d’un peu plus près à l’histoire, et nous ne surprendrons personne en disant qu’en ce moment les conditions nécessaires à l’histoire ne se réalisent pas en quinze jours. Il y faut plus de temps. Elles viendront, nous n’en doutons pas, et il y aura bientôt une loi qui réglera l’état de la presse. Alors notre récit aura, surtout quand il approuvera, son sens et sa portée, si petite qu’elle puisse être. Jusque-là, nous nous sentons à l’aise, pour faire notre tâche d’historiens de la quinzaine, dans la politique extérieure seulement, et c’est dans la politique extérieure que nous nous circonscrivons.

Un des plus remarquables événemens de cette dernière quinzaine, c’est la chute de lord Palmerston. À quelle cause faut-il attribuer cette chute soudaine, ce coup de foudre dans un ciel serein, pour parler comme un illustre compatriote du noble lord ? Le ciel semblait serein en effet, les événemens souriaient à lord Palmerston, et il souriait aux événemens. Toutes les difficultés que sa politique lui avait créées allaient être écartées ; il avait pu impunément, sans être menacé, écrire les notes diplomatiques les plus blessantes pour les gouvernemens de Vienne et de Naples, envoyer officiellement à toutes les cours de l’Europe la brochure de M. Gladstone, prendre une attitude menaçante vis-à-vis des grandes puissances en répondant à de simples députations de meetings, se poser comme l’arbitre de la paix et de la guerre devant les électeurs de Tiverton, et leur donner l’assurance que la paix du monde ne serait pas troublée en 1852.

Tous ses procès enfin allaient être finis,