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Ce serait une chose intéressante que de suivre dans le développement historique des révolutions italiennes la trace de l’action délétère qui en a ainsi corrompu les principes, égaré les conséquences et ajourné pour long-temps le succès. Des récits qui feraient connaître ces révolutions dans leurs origines, leurs événemens les plus remarquables et leurs résultats principaux, outre l’attrait que pourrait leur prêter la singularité des faits qui les ont signalées, atteindraient encore un autre but digne de l’attention des esprits éclairés : ce serait de répandre sur la situation actuelle de l’Italie, les élémens dont elle s’est formée, les vices qui la travaillent et peut-être les remèdes les plus propres à la rendre meilleure, une utile lumière. Il a paru qu’un récit et une appréciation des événemens du pontificat de Pie IX, depuis ses origines jusqu’à nos jours, serait le début le plus naturel et le plus logique de la série d’études dont nous indiquons ici le plan. Le pontificat de Pie IX, en effet, résume, domine et éclaire toute la destinée de l’Italie depuis six ans ; il a donné le branle au grand mouvement politique qui l’a agitée durant ces six années et qui la travaille si profondément encore aujourd’hui, et il n’est pas une seule de ses récentes révolutions dont il ne contienne et n’explique l’origine, le développement ou la fin.

La relation d’événemens aussi considérables, tant en eux-mêmes que pour l’intelligence de l’histoire entière dont ils donnent la clé, ne pouvait être écrite avec trop de scrupule. Aussi nous sommes-nous entouré des documens les plus capables d’en assurer l’exactitude. Parmi les sources que nous avons consultées et mises à profit, nous devons une mention spéciale à trois volumes récemment publiés à Turin sous le titre de : les États de l’Église de 1815 à 1850. M. Farini, aujourd’hui ministre de l’instruction publique en Piémont, est l’auteur de cet ouvrage. Originaire des États de l’Église, chargé à diverses reprises par Pie IX lui-même d’emplois administratifs et politiques des plus élevés, initié par l’accès facile que lui donnaient ces emplois près de la personne du saint père et de celle de ses ministres aux principales affaires du gouvernement romain, M. Farini a été à même de bien voir la révolution qu’il fait connaître. Son livre est rempli de pièces d’une authenticité au-dessus de tout soupçon, qui jettent non-seulement sur les événemens de ces dernières années en Italie, mais sur le caractère et la conduite des plus illustres personnages qui aient pris part à ces événemens, un jour dont on n’est pas habitué à voir l’histoire contemporaine éclairée. M. Farini, en effet, avec une indépendance de caractère ou une liberté d’esprit remarquable, a livré à la publicité les instructions, les correspondances, les confidences même dans le secret desquelles ses anciennes fonctions près du gouvernement romain l’ont fait admettre, de sorte que son livre, bien qu’on y rencontre de fort belles pages qui décèlent un écrivain et un historien, est moins cependant