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Où la nature et l’art, étalant leurs beautés,
Font nos félicités,

Une troupe sans pair de jeunes demoiselles,
Vertueuses et belles,
A pour son entretien cent jeunes damoiseaux
Sages, adroits et beaux.

Chacun fait à l’envy briller sa gentillesse,
Sa grace et son adresse,
Et force son esprit pour plaire à la beauté
Dont il est arrêté.

On leur dit sa langueur dedans les promenades,
A l’entour des cascades,
Et l’on s’estime heureux du seul contentement
De dire son tourment.

Douze des plus galans, dont les voix sont hardies,
Disent des comédies
Sur un riche théâtre, en habits somptueux,
D’un ton majestueux.

On donne tous les soirs de belles sérénades,
On fait des mascarades ;
Mais surtout a paru parmi nos passe-temps
Le Ballet du Printemps.


Les dames bien souvent, aux plus belles journées,
Montent des haquenées.
On volle la perdrix, ou l’on chasse le lou
En allant à Marlou.

Les amants cependant leur disent à l’oreille
O divine merveille !
Laissez les animaux, puisque vos yeux vainqueurs
Prennent assez de coeurs.


Voilà nos passe-temps, voilà nos exercices,
Nos jeux et nos délices.
Pensiez-vous que d’icy vous eussiez emporté
Nostre félicité ?

Un sentiment bien naturel nous porte à rechercher quelle a été la destinée de cette cour de jeunes et braves gentilshommes, de gaies et charmantes jeunes filles, qui entouraient alors Mlle de Bourbon et son frère. Nous avons dit celle des hommes : tous se sont illustrés à la guerre ; la plupart sont morts au champ d’honneur. Mais que sont-elles devenues leurs aimables compagnes, cet essaim de jeunes beautés que nous avons suivies sur les pas de Mlle de Bourbon à Chantilly, à Ruel,