Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 14.djvu/549

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA REFONTE


DES


MONNAIES DE CUIVRE.




Un des principes le plus incontestés de l’économie politique, c’est que les monnaies sont, non pas des signes arbitraires du prix des choses, mais des marchandises qu’on choisit pour étalons, parce qu’elles sont plus facilement échangeables que les autres, et qu’on accepte seulement en raison de leur valeur intrinsèque. Toutefois, dans les débats soulevés par la refonte de nos monnaies de cuivre, on a affaibli cette règle par une exception dont la portée n’a peut-être pas été suffisamment calculée. On a dit, en s’autorisant de quelques lambeaux de phrases empruntés à des économistes, que les basses pièces destinées à servir d’appoint font exception à la loi générale, qu’elles sont seulement des signes de convention auxquels on peut, sans inconvéniens, assigner une valeur arbitraire. Énoncé d’une manière aussi absolue, cet amendement au principe nous semble une erreur de théorie et un danger, si on le prend à la lettre dans l’application. Il est donc utile de déterminer, en consultant l’histoire monétaire des autres peuples, jusqu’à quel point il est vrai que la monnaie de cuivre fonctionne en qualité de signe, et dans quelle mesure on peut lui attribuer sans inconvéniens un cours légal supérieur à sa valeur positive. Bien que nos conclusions soient contraires au système qui vient de prévaloir au sein du corps législatif, nous n’hésitons pas à les produire, parce qu’au moment où nous écrivons, la loi n’ayant reçu ni l’assentiment du sénat,