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notre système monétaire se distingueront, assure-t-on, par la pureté du métal et par la beauté des empreintes : idéal qui ne peut être atteint qu’avec le concours des artistes les plus éminens, et au moyen du puissant matériel dont l’administration seule dispose. Comment d’obscurs faussaires, poussés par la misère à leur criminelle industrie, réduits à craindre le bruit et la lumière, pourraient-ils arriver à la même perfection. L’infériorité de leur travail les dénoncerait aussitôt. Si le faux-monnayage, organisé sur une grande échelle par des gens munis de capitaux, employait les moyens de fabrication dont le gouvernement se réserve l’usage, il lui faudrait un développement d’outillage et un personnel nombreux qui n’échapperaient pas long-temps à l’active surveillance de la police. Par les mêmes raisons, les ateliers de contrefaçon qui s’établiraient à l’étranger ne tarderaient pas à être découverts, et, à coup sûr, les gouvernemens voisins ne se déshonoreraient pas en tolérant sur leur territoire la fabrication frauduleuse de la monnaie française. D’ailleurs, pour recouvrer les frais d’un vaste établissement, il faudrait opérer sur de grosses masses métalliques, et alors comment introduire des chargemens de cuivre monnayé malgré la vigilance de la douane ? Comment lancer dans la circulation des millions de pièces neuves sans éveiller les soupçons de l’autorité ? Qu’on ne craigne donc pas, ajoute-t-on, de provoquer les faussaires en affaiblissant la valeur de la monnaie d’appoint. C’est le contraire qui aura lieu. On découragera la fraude en substituant de belles médailles de bronze à ces pièces sans empreintes que les contrefacteurs peuvent imiter clandestinement par les moyens les plus grossiers.

Nous venons de reproduire l’opinion opposée à la nôtre, et certes ou ne nous reprochera pas de l’avoir atténuée. Si bien fondée qu’elle paraisse, elle ne saurait soutenir un examen basé sur l’exacte connaissance des faits.

L’imitation de la petite monnaie s’effectue de deux manières, par le moulage ou par le frappage. Le faussaire qui a recours au premier moyen, n’obtenant pas des épreuves bien nettes, ne peut guère imiter que des pièces déjà détériorées par le frottement. Celui qui procède par le frappage ou par la pression obtient des empreintes vives et luisantes, et il a plus de facilités pour sa criminelle entreprise, lorsqu’elle coïncide avec une émission de pièces nouvelles.

Dans l’état actuel, un bénéfice de 50 pour 100 sur la fabrication des sous ne serait pas assez fort pour qu’on fît graver des coins et monter des appareils de laminage et de pression. Le faux monnayage, s’il existe accidentellement, est pratiqué d’une manière grossière et peu dispendieuse au moyen du moulage. Il est évident que cette misérable industrie serait immédiatement anéantie par l’émission d’une très belle monnaie. Au contraire, si la réduction du poids montrait en