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existaient-ils aussi en double ? C’est une question qui resterait à examiner.

En parlant (p. 316 et 317) d’un ouvrage, Rime di P. Bembo, vous n’avez point rappelé les diverses circonstances signalées par l’acte d’accusation comme servant à constater l’origine de ce volume[1] ; mais — vous dites que M. Libri tenait son livre de M. Audin, qui l’avait acheté 1 fr. à la vente du docteur Gratiano. Certainement, monsieur, vous n’avez point consulté le catalogue Gratiano. Nous l’avons sous les yeux. Voici ce que nous y lisons : « N° 489. Delle Rime di M. Pietro Bembo. Seconda impressione. (A la fin :)…Vinegia, per Giouann’ Antonio de Nicolini dae Sabio, nell’ anno MDXXX V… in-4o allongé ; anc. rel. m. br. (Exemp. annoté, et contenant sur les gardes quatre sonnets d’une main du temps.) »

Tel est bien le titre de l’exemplaire vendu par M. Libri, qui ne l’a pourtant indiqué sur son catalogue que par ces mots : Rime di messer Pietro Bembo (ce qui, soit dit en passant, affaiblit singulièrement la valeur de votre argumentation basée sur la différence de titres). Mais nous avons jadis examiné ce volume qui est au greffe, et bien qu’il n’ait point été soumis au lavage, on n’y peut découvrir aucun vestige des annotations et des sonnets mentionnés par le catalogue Gratiano.

Vous raillez l’auteur de l’acte d’accusation de ce qu’il accuse M. Libri d’avoir volé à la Mazarine un Malclavelli Compendium, tandis que l’inventaire de cette bibliothèque ne mentionne qu’une traduction italienne ou, si vous aimez mieux, que l’original italien de cet opuscule (Machiavelli Compendio, etc.). Les trois catalogues que possède la bibliothèque, le catalogue par cartes[2], le catalogue par noms d’auteurs, le catalogue méthodique, n’indiquent pas, il est vrai, le Compendium ; mais nous vous apprendrons que le recueil d’où a été arrachée la pièce incriminée est actuellement au greffe, que sur la garde se trouve l’inventaire des ouvrages qu’il contenait et qu’on y lit distinctement : Nicolai Malclavelli Compendium, etc., titre entièrement conforme à celui du catalogue de M. Libri, qui a vendu deux cent soixante-et-un francs ce petit livret de douze feuillets.

« La Mazarine (dites-vous p. 322) a perdu, mais tout de bon, à ce qu’il paraît, un livre dont l’acte d’accusation estropie ainsi le titre. Cino da Pistoia et Buonaccorso da Montegnano, lisez Montemagno. L’édition est de Rome, 1559, in-8o. Bien entendu, M. Libri l’a volé, car on trouve le même ouvrage sur son catalogue. Il est vrai que le volume qu’il possédait était in-12 et sans date. Ah ! la furia francese ! »

Ayez la bonté, monsieur, de consulter le catalogue de M. Libri, page 124, no 804 ; vous y lirez : Rime di Cino, etc., Roma, Blado, 1559, 2 part. en 1 volume in-8o[3].

  1. « On y remarque des vestiges d’estampilles très visibles ; le haut du titre a été gratté à l’endroit même où se place habituellement sur les ouvrages de la Mazarine un numéro écrit à la main. »
  2. Nous désignons ainsi les cartes qui ont servi à la rédaction du catalogue alphabétique. Elles sont rangées dans le même ordre que le catalogue méthodique.
  3. Le catalogue par cartes (à la Mazarine) contient les mêmes indications et de plus donne en abrégé le prénom (Ant.) de l’imprimeur, prénom omis sur le catalogue de M. Libri.