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d’Orléans, filles d’Henri duc de Longueville, mortes sans avoir été mariées, Marguerite en 1615, Catherine en 1638, toutes deux inhumées dans le couvent dont elles furent appelées les secondes fondatrices. Et quand en 1617 la jeune institution fut déjà assez forte pour avoir besoin d’une autre maison à Paris, c’est encore une princesse de Longueville qui se chargea des frais de l’établissement nouveau, rue Chapon[1], à savoir, la belle-soeur de Marguerite et de Catherine[2], la veuve de leur frère Henri d’Orléans, premier du nom, et la mère d’Henri II qui épousa Mlle de Bourbon. Mme la princesse de Condé ne tarda pas à étendre aussi ses bienfaits sur le couvent de la rue Saint-Jacques, et à s’y attacher d’une affection toute particulière. Ainsi on peut dire que Mlle de Bourbon était d’avance consacrée de toutes parts aux Carmélites.

Représentons-nous bien ce qu’était au XVIIe siècle ce couvent des Carmélites où Mlle de Bourbon voulut cacher sa vie et où Mme de Longueville revint mourir. Il était situé dans la rue du Faubourg-Saint-Jacques, tout-à-fait en face du Val-de-Grace ; il s’étendait de la rue

  1. C’est depuis ce temps-là que le couvent de la rue Saint-Jacques a été appelé le grand couvent, par opposition à la maison de la rue Chapon.
  2. L’acte de donation, qui est aux Archives générales, est fait tant au nom de la duchesse douairière de Longueville qu’au nom de son fils, le futur mari d’Anne de Bourbon. « Madame Catherine de Gonzagues et de Clèves, duchesse de Longueville et de Touteville, vefve de feu très haut et très puissant prince monseigneur Henry d’Orléans, en son vivant duc de Longueville et de Touteville, comte souverain de Neufchâtel et de Valengin en Suisse, aussi comte de Dunois et de Tancarville, etc., demeurant à Paris, en son hostel de Longueville, rue des Poulies, paroisse Saint-Germain de l’Auxerrois, tant en son nom que comme tutrice, soy faisant et se portant fort pour monseigneur Henry d’Orléans, son fils, aussi duc de Longueville et de Touteville… » Catherine de Gonzagues et de Clèves était la sœur de Charles de Gonzagues, duc de Nevers, le père de Marie et d’Anne de Gonzagues, la reine de Pologne et la Palatine. Son fils, Henri II, jouant à la paume à l’âge de vingt ans, fit un effort, et une de ses épaules devint plus grosse et plus élevée que l’autre. Tout l’art des médecins fut impuissant. La mère désolée s’adressa à Mme Acarie, alors sœur Marie de l’Incarnation. Celle-ci se mit en prière devant le Saint-Sacrement, et le lendemain la taille du jeune duc était fort améliorée. Par reconnaissance, la mère et le fils fondèrent la maison de la rue Chapon, la dotèrent de dix mille écus en argent et de deux mille livres de rentes. Le duc de Longueville a rendu témoignage de ce fait devant les commissaires apostoliques chargés des recherches pour la béatification de Mme Acarie. — On trouve aussi aux Archives divers actes qui prouvent que la nièce de Richelieu, aime la duchesse d’Aiguillon, était aussi une des bienfaitrices de l’un et de l’autre couvent. « Marie Vignerot, duchesse d’Esguillon, demeurant en son hostel, sis à Saint-Germain-des-Prés, paroisse de Saint-Sulpice… »