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DE LA RESTAURATION


ET


DE SES HISTORIENS.




I. — Histoire de la Restauration, par M. A. de Lamartine.
II. — Histoire des deux Restaurations, M. par Achille de Vaulabelle.




Les grandes époques politiques ne veulent être jugées ni de trop près ni de trop loin. Entrevues à distance, leur physionomie s’altère, et le secret de leur vie vous échappe ; étudiées de trop près, elles demeurent enveloppées de la poussière soulevée par les passions, et la limpidité du regard en est obscurcie. Dans notre siècle, où les révolutions se succèdent avec une sorte de régularité chronique, il est difficile d’apprécier avec quelque justice un gouvernement déchu au lendemain de sa chute, car on participe en quelque degré, ou à l’irritation des vaincus, ou aux illusions des vainqueurs. Un assez long intervalle sépare d’ailleurs l’instant où une idée s’élève à l’horizon du monde politique de celui où cette idée se déploie sous son jour véritable, avec son caractère définitif, et les partis n’acquièrent l’entière conscience d’eux-mêmes qu’après avoir traversé l’une et l’autre fortune. Ajoutons que l’hypocrisie tient une plus large place dans la vie publique que dans la vie privée, et que les mots ne se dépouillent que lentement de l’écorce artificielle dont les revêtent des passions qui n’osent ou ne peuvent s’avouer. Que valent aujourd’hui certaines formules solennellement consacrées durant tant d’années ? Sous quel aspect se