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Après les officiers-généraux viennent les officiers supérieurs, dont le cadre comprend 110 capitaines de vaisseau, 230 capitaines de frégate : total, 340 officiers supérieurs. Si l’on ne veut considérer que l’armement du temps de paix, certes ce chiffre paraît élevé ; mais, si l’on envisage les nécessités de la flotte armée sur le pied de guerre, on se convaincra qu’il n’est que suffisant, puisque la flotte de guerre, composée de 40 vaisseaux et 60 frégates à voiles ou à vapeur, exige d’abord 200 officiers supérieurs, par suite de l’excellent principe qu’il doit se trouver deux officiers de ces grades sur tout vaisseau ou frégate. Il n’en reste donc alors que 140 pour certaines positions sédentaires, telles que les directions de port, conseils de guerre, etc., qui ne sauraient convenir qu’à des officiers supérieurs de la marine, et pour armer les 80 corvettes, soit à vapeur, soit à voiles, qui, sans être toutes mises dehors, seraient pour la plupart utilisées en cas de guerre.

Toutefois, si nous n’avons aucune réduction à demander dans le cadre des officiers supérieurs de la flotte, nous ne pouvons en accepter la composition actuelle comme entièrement satisfaisante. Bien que le cadre des capitaines de vaisseau comprenne quelques non-valeurs, au point de vue des forces physiques particulièrement, il en comprend moins encore, il faut le reconnaître, que celui des capitaines de frégate, dont un certain nombre serait incapable de supporter les fatigues et les veilles presque incessantes d’une guerre sur mer, surtout dans la position de second. Telle est la conséquence de la loi sur l’avancement, laquelle forme les promotions à ce grade moitié à l’ancienneté, moitié au choix ; or l’ancienneté y pousse souvent de médiocres lieutenans de vaisseau déjà fort âgés, et cependant, bon gré mal gré, il faut les garder dans l’arme avec l’épaulette de capitaine de frégate, jusqu’à ce que d’emplois en emplois, le plus souvent sédentaires, ils aient atteint l’âge de soixante ans, ce qui ne portera qu’à 6, en 1852 par exemple, le chiffre des vacances dans ce grade !

On comprend combien cette stagnation dans le mouvement de retraite de ces officiers supérieurs en entraîne dans les promotions de ces jeunes et excellens lieutenans de vaisseau, l’espoir de notre flotte. Aussi, sans méconnaître la nécessité de faire la part de l’ancienneté dans les promotions, n’en devons-nous pas moins constater ici une opinion qui est devenue presque proverbiale en marine, tant elle touche au vrai : c’est que les officiers supérieurs faits au choix depuis quelques années l’emportent de beaucoup sur ceux faits à l’ancienneté. L’intrigue et le favoritisme ne jouaient donc pas dans les promotions le rôle exclusif que leur reprochaient tant de médiocrités envieuses, et cependant les tableaux du conseil d’amirauté n’existaient point avant 1848.

Le cadre des officiers inférieurs se compose de 650 lieutenans de vaisseau, 550 enseignes de vaisseau : total, 1,200 officiers. — En temps